L’ambassade des États-Unis en Libye a exprimé hier sa préoccupation face à la poursuite du blocage du pétrole libyen. En appelant à la fin immédiate de la fermeture. Et ce, en raison de ses dommages qui menacent de provoquer une catastrophe environnementale et de priver les Libyens de revenus importants. Pouvant conduire à des pannes d’électricité et aux problèmes d’approvisionnement en eau; ainsi qu’à une pénurie de carburant.
L’ambassade des USA en Libye a déclaré, dans un communiqué rapporté hier par l’agence de presse libyenne « WAL », que les dirigeants libyens doivent se rendre compte que la fermeture a des répercussions sur l’économie mondiale. Ainsi, ils doivent immédiatement mettre fin à cette situation. Tout en renvoyant aux multiples résolutions du Conseil de sécurité qui protègent la National Oil Corporation. Et en renouvelant son engagement de travailler avec les dirigeants libyens sur un mécanisme qui donnerait au peuple libyen la confiance que les revenus du pays seraient distribués au profit du peuple.
En outre l’ambassade note qu’avant la fermeture, les États-Unis avaient recommandé un transfert de revenus supplémentaires soumis à la surveillance d’un mécanisme financier dirigé par la Libye. Cependant, les responsables libyens ont décidé de manière indépendante de transférer des sommes plus importantes. Expliquant que l’Amérique considère l’arrêt de la production pétrolière libyenne comme une réponse hâtive qui nuit au peuple libyen et sape la confiance internationale en la Libye en tant qu’acteur responsable de l’économie mondiale.
Impasse politique, blocage pétrolier et pressions des milices
Par ailleurs, la Libye a renoué avec son scénario rituel de crise. Et ce, un an à peine après une réconciliation nationale désormais en péril.
En effet, mardi 19 avril, la compagnie nationale de pétrole, la National Oil Corporation (NOC), basée à Tripoli, a dénoncé la fermeture « illégale » par des groupes protestataires du terminal de Brega. Lequel se situe dans le Croissant pétrolier, la principale plateforme d’exportation du brut libyen en bordure du golfe de Syrte. Il s’agit, selon la NOC, de la quatrième paralysie d’installations pétrolières. Et ce, après celles du terminal de Zoueitina en Cyrénaïque (Est) et des deux champs d’Al-Sharara et d’Al-Feel, dans la région méridionale du Fezzan.
Au total, ce sont près de 550 000 barils de pétrole par jour qui manqueraient ainsi à l’offre libyenne. Soit 40% de sa production nationale. Et un nouveau facteur poussant les cours de l’or noir à la hausse, dans le contexte de la guerre en Ukraine.
Enfin, le blocage des sites pétroliers libyens est l’aboutissement d’un schisme politique entre deux autorités gouvernementales parallèles dans lequel rebascule le pays depuis deux mois. Le 10 février, le Parlement siégeant à Tobrouk (Est) avait nommé Fathi Bachagha à la tête d’un nouveau gouvernement de stabilité nationale (GSN); voué à se substituer au gouvernement d’union nationale (GUN) dirigé par Abdel Hamid Dbeibah. Celui-ci avait été investi en mars 2021 dans le cadre d’une réconciliation entre factions rivales libyennes scellée sous les auspices des Nations unies.