C’est une dégringolade. Comment expliquer autrement un passage de la 73ème place au 94ème rang. D’où l’intérêt pour les pouvoirs publics d’analyser la situation et de changer. A commencer par rétablir les ponts avec la profession. Comme cela se fait dans toutes les démocraties.
Il fallait sans doute s’y attendre. Depuis des semaines, sinon plus, certains le savaient. A savoir que la Tunisie allait bien reculer au niveau du classement établi par l’ONG Reportes Sans Frontières (RSF). Et plus précisément au niveau de son classement de la liberté de la presse.
On ne savait évidemment pas quel serait la place que pourrait occuper la Tunisie. Mais, il était certain que recul il y aurait. Celui-ci est aujourd’hui estimé important dans la mesure où la Tunisie a reculé de 21 points. En effet, elle passe de la 73ème place (classement de 2021) au 94ème rang.
Une place qui serait pour beaucoup due aux atteintes souvent mis en évidence par les journalistes. Dont des arrestations opérées dans les rangs de la profession et la brutalisation de certains de ses membres.
Un recul de toute manière gravissime. Et ce, dans la mesure où il concerne un indicateur au travers duquel les nations sont aussi souvent perçues. Mais également parce que la liberté de la presse est, répète-t-on, quasiment le seul acquis de la révolution du 17 décembre 2010-janvier 2011.
Dialoguer avec les médias
Et il va sans dire que les autorités sont dans l’obligation de changer de fusil d’épaule. Même si certains acteurs publics peuvent estimer qu’il y a exagération ou encore que le rapport de RSF fait à l’occasion de ce 3 mai 2022 et le classement qui l’accompagne ne reflètent pas le vécu.
Et une des premières actions sans doute à mener consiste à rétablir nombre de ponts coupés avec la presse. Car, depuis le 25 juillet 2022, les autorités n’ont pas montré, force est de le constater, un intérêt particulier pour les médias. Le chef de l’Etat et la cheffe du gouvernement ne dialoguent pas avec les médias tunisiens.
Dans ce cadre, aussi bien la Présidence de la République que la Présidence du gouvernement n’ont pas initié de réels rendez-vous avec les médias comme cela s’est toujours fait. Notamment au travers d’un ensemble de rencontres formelles ou informelles ou encore de supports.
Redevabilité et transparence
Or, un des usages importants pour juger de la vigueur d’une démocratie et du bon fonctionnement de l’Etat en général est son approche dynamique avec la presse. Et non de faire bien le contraire. Comme lorsqu’une conférence de presse a été initiée à l’occasion de la visite du président Abdelmajid Tebboune en Tunisie, en décembre 2021.
Selon certaines sources, seulement les journalistes des médias publics ont été invités à ce rendez-vous. Des journalistes tunisiens n’ont pas pu poser des questions au locataire de Carthage.
Provoquant une réaction du Syndicat national des Journalistes Tunisiens (SNJT). Lequel a parlé d’une « flagrante atteinte à la liberté de presse » et a promis, à l’occasion, « l’escalade ».
Cette bonne relation avec la presse, médiateur sociétal, est du reste inscrite dans les règles de bonne gouvernance. Celles-ci régissent le monde moderne. La redevabilité et la transparence ne sont-elles pas des obligations pour tous ceux qui gèrent un pays ou n’importe quelle institution?