La question posée par le journaliste de la chaine de télévision italienne ‘Rete 4’ au chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov est assez pertinente. « Comment se fait-il que la Russie déclare devoir dénazifier l’Ukraine, alors que le propre président du pays, Volodymyr Zelensky, est juif? »
Réponse de Lavrov: « Quand ils disent « Quelle sorte de nazification est-ce si nous sommes juifs? », eh bien je pense qu’Hitler avait aussi des origines juives, donc cela ne veut rien dire. Depuis longtemps, nous entendons les sages juifs dire que les plus grands antisémites sont les juifs eux-mêmes. »
Il n’en faut pas plus pour que les dirigeants d’Israël, des Etats-Unis et de nombreux pays européens se déchainent furieusement contre le ministre russe des Affaires étrangères. Et c’est à qui trouve l’adjectif le plus abject à lui coller.
Dans sa réponse, le ministre russe s’est probablement basé sur une idée qui a la peau dure: l’identité de l’un des grands-pères d’Hitler n’est pas connue. Cette faille a nourri des spéculations selon lesquelles l’aïeul d’Adolph Hitler serait juif.
Quoiqu’il en soit, une affirmation d’une telle gravité ne peut être prononcée à la légère par le chef de la diplomatie d’une grande puissance nucléaire qui fait face à des sanctions économiques féroces. Qui fait face aussi et surtout à une guerre totale, par Ukrainiens interposés, que financent et arment les Etats-Unis et les principaux pays européens. Il s’agit sans doute d’une affirmation mûrement réfléchie par laquelle la Russie a choisi de rendre publique la grande détérioration de ses relations avec Israël.
Situation intenable
Il faut dire que la guerre d’Ukraine a mis Israël dans une situation intenable. Les dirigeants israéliens se sont trouvés soudain tiraillés entre leur loyauté à leur grand allié américain et leur amitié avec la Russie que dictent d’évidents intérêts. Le quart au moins de la population est russophone; l’armée israélienne a toute la liberté de bombarder quand elle veut et où elle veut en Syrie; des échanges économiques et commerciaux russo-israéliens très développés etc.
Israël s’est donc trouvé coincé entre les pressions de Washington qui ne tolère aucune ambiguïté de son allié stratégique vis-à-vis de la guerre d’Ukraine d’une part; et ses gros intérêts avec Moscou, d’autre part. Les dirigeants israéliens ont cru pouvoir s’en sortir en recourant à la duplicité, la sournoiserie et l’hypocrisie. Pendant les deux premiers mois de guerre, ils ont participé le plus discrètement possible à la gigantesque campagne occidentale d’armement et de financement des Ukrainiens. Ils ont même organisé le départ de mercenaires israéliens vers l’Ukraine, selon des analystes russes invités par les chaines BBC et Russia Today.
Dans le même temps, ils faisaient semblant de jouer les intermédiaires. En multipliant les missions de bons offices et les visites à Moscou, dont celle du Premier ministre Naftali Bennet.
Au fil des jours, cette duplicité israélienne est devenue d’autant plus insupportable pour Moscou que l’aide israélienne à l’effort de guerre en Ukraine va aussi aux milices néonazies. Celles-là mêmes qui ont tenu en otages les différents gouvernements ukrainiens et les ont empêchés de signer les accords de Minsk. Lesquels, s’ils étaient signés, auraient empêché l’éclatement de cette guerre atroce.
Cris stridents de vierges effarouchées
Une duplicité d’autant plus révoltante pour Moscou que l’aide israélienne à l’effort de guerre en Ukraine va également à ces milices néonazies dont les parents et les grands parents étaient les alliés d’Hitler et l’avaient aidé dans son agression contre l’Union soviétique en 1942. Une agression qui avait fait des millions de morts…
La déclaration de Sergueï Lavrov qui a donc provoqué des cris stridents de vierges effarouchées au sein de la classe politique euro-américaine, est un clin d’œil à ce lourd héritage historique qui pèse de tout son poids dans la guerre qui se déroule aujourd’hui en Ukraine. Un clin d’œil qui ne vise pas seulement la duplicité actuelle de la classe politique israélienne. Il vise également la duplicité de la classe américaine qui, pendant la deuxième guerre mondiale et tout au long de la guerre froide, a entretenu des relations secrètes avec les Nazis ukrainiens comme un atout dans la stratégie antisoviétique des Etats-Unis.
L’histoire se répète aujourd’hui avec les descendants des acteurs d’hier. Encore une fois, la classe politique américaine utilise les milices nazies comme un atout à préserver et à entretenir dans sa stratégie antirusse. Les dénonciations furieuses de la déclaration de Sergei Lavrov ne changeront rien à l’affreuse réalité.