Même en l’absence de mobilisation populaire, le chef de l’Etat multiplie les faits accomplis
Le président de la République, Kaïs Saïed a reçu, aujourd’hui lundi 9 mai 2022, la ministre de la Justice, Leila Jaffel au palais de Carthage pour lui faire part de l’obligation de répondre immédiatement aux revendications réclamées par le peuple tunisiens depuis plus d’une décennie et réitérées, hier à travers toutes les régions de la République.
Le chef de l’Etat a chargé, par la même occasion, la ministre de la Justice de mettre en place l’instance relative à la réconciliation pénale dans les plus brefs afin que l’argent spolié soit restitué à son propriétaire légitime, en l’occurrence le peuple tunisien.
Le président de la République a mis l’accent, par ailleurs, sur la nécessité pour la magistrature d’être à la hauteur de cette étape historique afin que les juges ne rechignent pas à l’application de la loi pour tous et d’éviter les reports successifs et la perte des droits, ce qui signifierait la transformation des procédures juridiques en des obstacles entravant leur concrétisation.
Le chef de l’Etat a réaffirmé l’impératif pour les juges d’appliquer la loi et pour le Conseil supérieur provisoire de la magistrature d’assumer son entière responsabilité en sanctionnant les magistrats qui ne méritent pas d’être à la place où ils sont et qui s’avèrent être non pas à la hauteur de la responsabilité
Il a rappelé, à cet effet, que les jugements et les décisions sont rendus au nom du peuple et que l’Etat tunisiens dispose de suffisamment de lois pour réaliser la volonté du peuple.
Bon à noter que le président Kaïs Saïed s’est basé dans tout ce qui précède, sur les réclamations faites par manifestants sortis dans la rue « à travers toutes les régions du pays », mais il semble ou fait semblant d’oublier qu’il n’y a pas eu de « peuple » dans la rue. Pratiquement aucune manifestation digne de ce nom dans les diverses régions de la Tunisie alors que dans la capitale, ils étaient plus ou moins un millier de personnes autour du Théâtre municipal !
Alors de quelle mobilisation et de quelles revendications parle t-on ? Il faut dire que les Chaftar, Badida, Harrabi « promettaient une descente massive des citoyens dans les rues, assimilable à celle du 25 juillet pour soutenir la légitimité du président de al République, ce qui n’a pas été du tout le cas.
Or, Kaïs Saïed, à qui on avait probablement promis, un raz-de-marée, ne veut pas démordre et continue à croire qu’il s’agit d’un nouveau « plébiscite » pour qu’il continue son avance résolue vers les faits accomplis qu’il s’était juré de mettre en place
Ainsi, malgré l’absence de toute mobilisation, le président de la République ose parler encore de légitimité qui l’autorise à réaliser son projet. Quel qualificatif peut-on donner à cette attitude ?!
Noureddine HLAOUI