Le discours du président russe Vladimir Poutine le 9 mai à l’occasion de la célébration du 77e anniversaire de la victoire sur le nazisme allemand était plutôt modéré. Il n’a pas déclaré la guerre à l’Ukraine comme l’escomptaient (l’espéraient ?) Washington et ses alliés européens. Toutefois, il a de nouveau souligné la détermination de la Russie à réaliser les objectifs pour lesquels elle était obligée d’entrer en guerre.
Poutine a rappelé les demandes insistantes de la Russie relatives aux garanties de sécurité. Mais, a-t-il dit, « les pays de l’Otan n’ont pas voulu nous écouter. Car ils avaient en fait des plans totalement différents et nous l’avons vu. Des préparatifs étaient en cours pour une opération dans le Donbass, l’invasion de nos terres historiques, y compris la Crimée ».
Face à « la menace absolument inacceptable », la Russie n’avait d’autre choix que recourir à « la riposte préventive ». Laquelle, selon Poutine, est « la seule bonne décision ».
S’adressant aux soldats et aux volontaires qui combattent en Ukraine, le président russe a affirmé: « Vous combattez pour votre mère patrie, son avenir. Et pour que personne n’oublie les leçons de la Seconde Guerre mondiale ».
La riposte préventive est la seule bonne décision
En affirmant qu’ « il n’y a pas de place pour les nazis dans le monde », Poutine fait le parallèle entre hier et aujourd’hui. En effet, en 1945, la Russie soviétique avait vaincu le nazisme allemand dans une guerre terrifiante et extrêmement coûteuse en vies humaines. Puisque qu’elle a compté pas moins de 27 millions de morts pour la seule Russie. Après de si grands sacrifices, la Russie se retrouve, 77 ans après, en guerre contre « les descendants de nazis ukrainiens qui avaient aidé Hitler à s’attaquer à la Russie », dixit V. Poutine.
Puis, rendant hommage aux combattants soviétiques de la Deuxième guerre mondiale, Poutine a affirmé: « Nous sommes fiers de cette génération de vainqueurs, nous sommes leurs héritiers. Tous ceux qui ont vaincu le nazisme lors de la grande guerre patriotique nous ont donné une leçon des vainqueurs et nous allons suivre leur exemple. »
Il a rendu le même hommage aux soldats et volontaires russes qui combattent aujourd’hui en Ukraine. En disant: « Je m’adresse aujourd’hui à nos troupes et nos milices dans le Donbass. Vous vous battez pour notre patrie, notre futur. Nous avons vaincu en 1945, nous vaincrons aujourd’hui. »
Tout le problème pour les Etats-Unis, leurs alliés européens et l’Otan est dans ces trois derniers mots prononcés par Poutine hier: « Nous vaincrons aujourd’hui ».
C’est pour empêcher la concrétisation de ces trois mots que des sanctions paralysantes sont décrétées contre la Russie; que des dizaines de milliards de dollars sont déboursés par les contribuables américains et européens pour le compte de l’Ukraine; mais aussi que des milliers de tonnes d’armements sont délivrés à l’armée ukrainienne; et que ni les Américains, ni le Européens, ni l’Otan ne veulent entendre parler de solution diplomatique pour mettre fin à une guerre qui menace le monde d’embrasement général.
La Russie, de son côté, ne compte pas lâcher prise. Elle n’a d’autre choix que de vaincre. Et c’est cette confrontation de deux volontés contradictoires qui met la paix mondiale en danger et fait planer le risque d’une guerre nucléaire.
Poutine l’a clairement exprimé: si la Russie est menacée dans son existence, elle utilisera ses armes nucléaires tactiques et stratégiques. Mais cette éventualité terrifiante n’a pas l’air de perturber outre mesure les Américains et les Britanniques qui, depuis le déclenchement de la guerre, ne cessent de jeter de l’huile sur le feu. Tous semblent déterminés à faire de l’Ukraine un Afghanistan européen, dans l’espoir de faire subir à la Russie le sort de la défunte Union soviétique.
En fait, l’agressivité occidentale contre la Russie n’est pas nouvelle. Elle remonte très loin dans l’histoire.
Nombreuses sont les tentatives occidentales de briser la Russie en morceaux. Au 19e siècle, les troupes de Napoléon sont arrivées jusqu’aux portes de Moscou avant de subir une défaite sanglante en 1812; même chose pour les Britanniques qui ont subi le même sort en Crimée en 1854.
Au 20e siècle, l’Occident avait tout fait pour étouffer la révolution russe en 1917. L’intervention américano-franco-britannique à côté des « Russes blancs » échoua à son tour. Même chose pour les troupes hitlériennes après une résistance héroïque et un sacrifice sans précédent. Pendant les deux dernières décennies du 20e siècle et les premières années du 21e, l’Otan n’a pas cessé d’avancer lentement mais sûrement, tel un rouleau compresseur, vers les frontières russes.
A l’aube du 21e siècle, ayant échoué à établir sa domination sur les immenses terres russes, l’Occident, en particulier Washington et Londres, ont eu recours au piège ukrainien. Une manœuvre diabolique dont la principale victime est le peuple ukrainien. Le chœur des pleureuses à Washington, Londres et Bruxelles continuent de verser leurs larmes de crocodile sur le sort des Ukrainiens, tout en les poussant vers la mort en inondant leur pays d’armements destructeurs.
D’aucuns se demandent quelles sont les raisons profondes de cet acharnement occidental incessant contre la Russie. La raison inavouable, mais profondément ancrée dans la psyché occidentale, est que les Russes, qui ne forment que 3% de la population mondiale, jouissent de 30% des richesses minérales de la planète. Et cela, l’Occident ne l’a pas accepté dans le passé, ne l’accepte pas aujourd’hui et continuera à ne pas l’accepter dans l’avenir. Si avenir il y a…