- Le député Javier Nart, particulièrement virulent : « La situation économique est désastreuse, les institutions devenues illégitimes, le président est autiste… »
- « Kaïs Saïed est un président théorique, métaphysique, il pense que le peuple c’est lui, et lui c’est le peuple, comme le prétendait le général Franco…».
La Commission des Affaires étrangères du Parlement européen a tenu aujourd’hui mercredi 11 mai 2022, une réunion dont une bonne partie des débats a été consacrée à la situation en Tunisie comme elle a été perçue par une délégation du Parlement européen lors d’une récente visite dans notre pays.
Parmi les intervenants, on citera, d’abord, David McAllister, président de la commission, qui a justifié la visite de la délégation en Tunisie par la préoccupation du Parlement suite à une détérioration des conditions d’une vie démocratique digne de ce nom d’où le souci de la délégation qui a veillé « à rencontrer le président ainsi que des représentants du gouvernement, des partis politiques, des ONG et de la société civile ».
Pour sa part, Michael Gahler, membre de la délégation en visite en Tunisie, a précisé qu’une réunion a pu avoir lieu avec les membres de l’Instance supérieure indépendante pour les élections (ISIE) avant d’indiquer qu’elle a été dissoute. Et d’enchaîner que le processus de démocratisation a été freiné par, entre autres, la crise économique, la crise sociale, le Covid et le blocage politique. Tous ces facteurs, réunis, ont fini par constituer des prétextes sur un plateau d’argent au président pour actionner l’article 80 de la constitution qui lui confère des pouvoirs extraordinaires, mais sans les dispositions concernant un état d’urgence ».
L’eurodéputé affirme : « Nous avons lancé un appel à toutes les parties prenantes pour s’engager dans un dialogue politique véritable afin de mettre fin à la crise. « Kais Saïed assure que ses actions s’inscrivent dans le cadre de la constitution, ce qui n’est pas l’avis des autres parties prenantes. «Nous lui avons rappelé que la légitimité politique, tant du président que des parlementaires émane de la constitution et de la population et que, de ce fait, il n’en dispose pas plus que les autres…».
Un autre intervenant, Javier Nart (Renew Europe, Espagne), qui faisait également partie de la délégation parlementaire en visite en Tunisie, affirme : « Nous sommes face à un problème. La situation économique est désastreuse, les institutions sont devenues illégitimes parce qu’elles ont été détruites par le président. C’est un président autiste, qui vit dans son cercle, qui n’écoute personne. Un président théorique, métaphysique et qui pense que la solution ne peut venir que de lui parce que le peuple c’est lui, et lui c’est le peuple ».
Il ajoute : « Le temps est compté et le président n’a pas la solution puisque même le gouvernement ne sait pas ce que pense le président. Désolé d’avoir à le dire, mais la seule solution est de nature inclusive. L’UGTT peut aider, il faut agir. Les chefs d’entreprises comptent, les barreaux d’avocats, les dirigeants des associations des droits de l’Homme sont là, les partis politiques sont aussi fondamentaux parce qu’il n’y a pas d’autre alternative, sinon ce sera la dictature d’un illuminé qui est un autiste, il est rigide dans sa pensée ».
L’eurodéputé, qui a répété, à quatre reprises, le terme d’autiste pour qualifier Kaïs Saïed, a révélé que le problème est économique et détruira le président de la République : « L’UE a dû financer deux navires de blé parce qu’il n’y avait ni blé, ni fonds pour payer ce blé et si on n’avait pas donné l’argent cash, la cargaison n’aurait pas été déchargée. Ce sujet me rappelle Francisco Franco (le général) qui disait que l’Espagne c’était lui et c’est lui l’Espagne et ce, face à une situation économique explosive où les institutions sont détruites. Ce que veut le président c’est l’armée, mais ça ne mènera nulle part. Ce n’est pas un autiste qui trouvera la solution. Ce qu’il faut c’est de faire en sorte que l’aide de l’UE aille de pair avec l’évolution d’un dialogue inclusif», conclut-il.
Noureddine HLAOUI