Le président de la Chambre Tuniso-Française de Commerce et d’Industrie (CTFCI) Khelil Chaibi indique que l’intérêt pour les entreprises qui investissaient en Asie de relocaliser en Tunisie demeure timide. Il s’exprimait dans le cadre d’une table ronde organisées par l’ATUGE, sur le thème « Relations économiques tuniso-françaises : Comment les développer? »
Pour Khelil Chaibi, si cet intérêt demeure timide, c’est parce qu’on a très mal géré la crise sanitaire. Il pointe du doigt, l’insatiabilité politique l’année dernière (25 juillet). Et à cela vient s’ajouter la guerre russo-ukrainienne. Pour lui, il existe encore beaucoup de choses à faire pour inciter les Français à relocaliser en Tunisie.
Répondant à une question qui porte sur les freins qui empêchent une plus grande activité économique entre la France et la Tunisie, Khelil Chaibi a pointé du doigt l’instabilité fiscale, le port de Radès et le Code de change.
Le président de la Chambre pointe du doigt, également, le secteur informel en concurrence avec le secteur formel et qui cause beaucoup de dégât. « Nous n’avons pas les chiffres exacts sur les échanges commerciaux entre la Tunisie et la France étant donné qu’on ignore l’origine de plusieurs produits », lance-t-il.
« Tout dépendra des réformes… »
L’intervenant mentionne le retard de la mise en place des réformes économiques qui pèsent sur l‘environnement des affaires. « Nous comptons avec les Chambres mixtes sensibiliser encore plus les autorités et les acteurs économiques et sociaux sur l’importance d’accélérer la mise en place des réformes qui vont améliorer la compétitivité de la Tunisie et encourager les investisseurs étrangers, notamment les investisseurs français », affirme-t-il.
Concernant la perspective de la Tunisie pendant les prochaines années, Khelil Chaibi estime qu’il est difficile de parler de prochaines années et d’avoir une vision à long terme si on n’a pas une visibilité sur les prochaines semaines. « Je préfère garder mon optimisme. Je pense que notre pays et nos entreprises, en dépit des difficulté ont une bonne résilience ».
Ainsi, il considère que la Tunisie va gagner en attractivité durant les prochaines années mais tout dépendra des réformes qui seront mises en place dans les années prochaines et qui vont consolider notre transition vers une démocratie apaisée et une gouvernance ouverte et efficace.
« Nous attendons de nos amis français un engagement plus fort. La France nous a toujours soutenu. Elle continuera de nous soutenir », lance-t-il. Adressant la parole à l’ambassadeur de France en Tunisie présent au débat, il indique: « Je pense que la balle est dans votre camp », a-t-il conclu.
Tunisie-France: Les relations économiques en chiffres
« Les relations économiques franco-tunisiennes sont le reflet des relations tuniso-françaises. Ce sont des relations exceptionnelles par leur densité », lance l’ambassadeur de France en Tunisie, présent au débat.
Dans le même contexte, il a cité plusieurs chiffres. Sur le plan des échanges commerciaux, la France est le premier partenaire commercial de la Tunisie avec un volume d’échange dans les deux sens supérieur à 7 milliards d’euros. En 2021, la France était le premier client de la Tunisie avec 4,3 milliards d’euros d’importations françaises des produits tunisiens ce qui représente 24% des exportations tunisiennes.
La France perd des parts de marché en Tunisie compte tenu de l’apparition de nouveaux partenaires commerciaux de la Tunisie comme la Chine ou encore la Turquie. La part de marché de la France était de 26% en 2000. Elle est aujourd’hui à 11,5%. La France est le deuxième fournisseur de la Tunisie. Elle a perdu la place de premier fournisseur au bénéfice de l’Italie. Les exportations françaises vers la Tunisie représentent 3 milliards d’euros en 2021.
Les échanges commerciaux ont retrouvé en 2021 leur niveau de 2019
Un autre fait notable: en 2021, la France a un déficit commercial avec la Tunisie qui varie entre 1.2 et 1,3 milliard d’euros. L’une des raisons qui explique ce déficit est que beaucoup de produits fabriqués en Tunisie par des filiales des entreprises françaises sont ensuite réexportés vers la France. Ils sont comptabilisés dans les exportations tunisiennes.
Les échanges commerciaux entre les deux pays ont souffert de la crise sanitaire. Une baisse d’environ 20% a été enregistrée en 2020. Ils ont retrouvé en 2021 leur niveau de 2019 avec une hausse d’environ 17%.
L’ambassadeur a rappelé que trois accords ont été signés en matière de la coopération institutionnelle dans les domaines de l’agriculture, du numérique et du commerce. L’accord de coopération dans le domaine de l’agriculture commence à donner des résultats. Une réunion du comité mixte agricole doit se tenir en septembre prochain. Elle devrait déboucher sur un plan d’action dans le domaine de la formation, de la recherche et du transfert de la technologie. Il y a aussi un premier dialogue numérique franco-tunisien qui s’est tenu en juillet dernier. L’accord dans le secteur n’a pas encore produit de résultats.