Pour créer des emplois dans une région où le chômage des jeunes est le plus élevé du monde, la Banque mondiale indique la nécessité que les pays du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord (MENA) permettent au secteur privé d’accéder au marché. Ainsi que de concurrencer à armes égales les entreprises publiques.
Le rapport, intitulé Le défi de l’emploi : Repenser le rôle des pouvoirs publics envers les marchés et les travailleurs dans la région Moyen-Orient et Afrique du Nord, recommande aux gouvernements de la région MENA des mesures pour remédier au marasme du marché du travail qui, dix ans après le Printemps arabe, continue de saper le développement économique et le progrès social par un chômage important.
Selon cette publication phare, la lutte contre le fléau du chômage, en particulier chez les jeunes ainsi que les femmes de la région, passe par un secteur privé plus développé et dynamique. Ainsi que par des réformes réglementaires sur les marchés du travail et des produits.
« D’après ce rapport, les gouvernements se doivent de redéfinir leurs relations avec le secteur privé. Ainsi que les travailleurs et surtout avec les femmes, un facteur d’une importance égale », explique Ferid Belhaj, vice-président de la Banque mondiale pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord.
Il a ajouté que l’État doit créer les conditions pour un secteur privé concurrentiel. Ainsi que réglementé, plutôt qu’intervenir dans les secteurs économiques.
Par ailleurs, il a appelé à repenser ses programmes de protection sociale et son approche pour le marché de l’emploi. Et ce, plutôt que de se reposer sur un code du travail obsolète.
« Plutôt que de chercher à préserver l’héritage de certaines normes historiques et sociales, l’État se doit d’être le gardien de l’équité entre les genres dans la région MENA », a-t-il précisé.
L’emploi dans les pays de la région MENA a progressé de 1 % par an en moyenne dans les entreprises du secteur privé. Et ce, bien loin des 5 % enregistrés parmi les autres économies à revenu intermédiaire. Avec seulement un taux d’activité féminine de 20 % la participation des femmes sur le marché du travail est la plus faible au monde. Tandis que le taux de chômage chez les jeunes est élevé et estimé à 26 %.
« Les gouvernements de la région MENA peuvent éviter une autre décennie perdue pour les générations actuelles et futures »
« Les gouvernements de la région MENA peuvent éviter une autre décennie perdue pour les générations actuelles et futures. Et ce, en adoptant des réformes courageuses et politiquement réalisables », affirme Federica Saliola, coautrice du rapport et économiste principale au sein du pôle Protection sociale et emploi de la Banque mondiale.
D’après le rapport, et afin de rendre leurs marchés plus fluides, les gouvernements doivent réduire la domination des entreprises publiques. Par exemple en éliminant les exclusions et les exceptions aux lois sur la concurrence et les marchés publics ainsi que la fiscalité qui sont appliquées aux opérateurs privés.
Pour un certain nombre de pays, le rapport préconise également l’adoption de réformes. Afin de lever les restrictions qui sont imposées à l’activité des femmes dans des secteurs spécifiques et sur le plan des horaires de travail, de remédier à l’inégalité des salaires par rapport aux hommes. Ainsi que de mettre fin à l’obligation de requérir l’autorisation du conjoint pour obtenir un emploi.
« Un secteur privé dynamique est la pierre angulaire de la création d’emplois de qualité », souligne Asif Islam, coauteur du rapport et économiste senior auprès du bureau de l’économiste en chef pour la Région MENA de la Banque mondiale.
Prenant note de l’opposition politique et sociale que peuvent susciter de telles réformes, le rapport recommande d’adopter une approche progressive. Et ce, dans la mise en œuvre des changements structurels nécessaires. Ainsi que de se focaliser dans un premier temps sur des secteurs émergents tels que l’économie numérique. Ainsi que l’économie verte, qui comptent moins d’opérateurs historiques et de groupes d’intérêt puissants. Afin de limiter les écueils politiques.
Il est à noter que Selon le dernier rapport de l’INS, le taux de chômage s’est stabilisé au premier trimestre 2022 au niveau de 16.1%. Et ce, après avoir reculé de 2,2% au trimestre précédent.