Elle semble cocher parfaitement toutes les cases. Elle est une femme, et cela correspond aux vœux de la majorité des Français. Elisabeth Borne est polytechnicienne, bosseuse ayant prouvé sa compétence dans tous les postes qu’elle a occupés. Elle a la réputation d’avoir une sensibilité de gauche, un atout pour les futures législatives où elle pourrait contribuer à corriger l’image d’un Président jugé « amis des riches ». Et surtout, par sa discrétion naturelle, elle ne risque pas de faire de l’ombre à son patron pour son deuxième et dernier quinquennat.
Trois semaines après sa réélection avec un score confortable face à la candidate de l’extrême droite, Emmanuel Macron a nommé Élisabeth Borne, 61 ans, à Matignon. Elle devient la deuxième femme désignée Première ministre sous la Ve République, après Édith Cresson. Sachant que le choix de la nouvelle Première ministre qui succède au discret Jean Castex qui a « su conquérir le cœur des Français », n’est pas fortuit. Car, outre l’avantage d’appartenir à la gente féminine, elle a fait ses preuves au gouvernement à la tête du ministère des Transports, au département du Travail, en passant par l’Écologie. De plus, elle traîne la réputation d’avoir une fibre sociale. Un atout pour les futures réformes sociales, dont l’explosif dossier de l’âge limite de la retraite qui divise profondément les Français.
Un CV long comme un bras
Mais qui est Élisabeth Borne? Née le 18 avril 1961 à Paris, l’ancienne préfète de la région Poitou-Charentes a perdu jeune son père. Reconnue « pupille de la Nation », elle obtient une bourse pour faire ses études. Elle entre au Collège des ingénieurs, de l’École nationale des ponts et chaussées pour sortir diplômée de l’École Polytechnique en 1981.
Commence alors une longue carrière administrative. En 1987, elle intègre le ministère de l’Équipement. Elle s’y occupe notamment de l’aménagement du territoire, de l’urbanisme et des transports.
Dans les années 1990, elle devient conseillère au ministère de l’Éducation nationale de Lionel Jospin, puis de Jack Lang. Ensuite, elle revient en 1997 en politique dans le cabinet du Premier ministre Lionel Jospin; et ce, en tant que conseillère technique chargée des transports.
De 2008 à 2013, Élisabeth Borne est en poste à la Mairie de Paris, comme directrice générale de l’urbanisme. Elle sera ensuite nommée préfète de la région Poitou-Charentes, dirigée alors par Ségolène Royal. L’année suivante, elle est appelée à diriger le cabinet de Ségolène Royal, alors ministre de l’Écologie, entre 2014 et 2015.
Après avoir rejoint le gouvernement d’Édouard Philippe en mai 2017, en tant que ministre chargée des Transports; elle occupe le poste de ministre du Travail, de l’Emploi et de l’Insertion. Avant, elle occupait le poste de ministre de la Transition Écologique et Solidaire.
Sachant que ce grand commis de l’Etat n’a jamais été élue parlementaire, Élisabeth Borne brigue cette année pour la première fois un siège de député dans le Calvados où elle a des attaches familiales. Dans un territoire qui avait placé nettement en tête Emmanuel Macron aux deux tours de la présidentielle.
Priorités
Toutefois, la Première ministre fraîchement installée à Matignon ne bénéficiera pas d’un long état de grâce. D’abord, elle devra « dans les jours qui viennent » constituer une équipe gouvernementale restreinte, efficace et prête au combat. Ensuite, en sa nouvelle qualité de patronne de la majorité, préparer la bataille des législatives. Et ce, dans l’espoir de donner une majorité confortable au locataire de l’Elysée à l’Assemblée.
A long terme, Mme Borne a fixé les priorités de son futur gouvernement: écologie, santé, éducation, plein-emploi, Europe et sécurité. Un vaste chantier.
Mais, le plus urgent, pour la nouvelle locataire de Matignon, c’est le dossier brûlant du pouvoir d’achat. A savoir, le sujet de préoccupation numéro un des Français. Sans omettre la réforme promise des retraites, avec l’objectif de porter l’âge de départ à 64 ans à la fin du quinquennat, puis à 65 ans d’ici 2031. La « mère de toutes les batailles » où l’attend l’opposition de pied ferme.
L’opposition ouvre déjà les hostilités
« En nommant Elisabeth Borne comme Premier Ministre, Emmanuel Macron démontre son incapacité à rassembler » réagissait lundi Marine Le Pen. Tout en dénonçant la volonté du président « de poursuivre sa politique de mépris, de déconstruction de l’État, de saccage social, de racket fiscal et de laxisme ».
Pour sa part, Jean-Luc Mélenchon, énumère déjà le bilan de celle qui fut ministre des Transports, de la Transition écologique, puis du Travail avant d’être nommée à Matignon. « Baisse de l’allocation d’un million de chômeurs, suppression des tarifs réglementés du gaz, report de dix ans de la fin du nucléaire, ouverture à la concurrence de la SNCF et RATP », énumère-t-il. « En avant pour une nouvelle saison de maltraitance sociale « , conclut le leader de La France insoumise.
L’été sera chaud, très chaud, pour la nouvelle locatrice de Matignon.