Double deuil dimanche 15 mai en Palestine. Deuil annuel par lequel les Palestiniens marquent la ‘’Nakba’’. Et deuil de la journaliste Shireen Abou Akleh, assassinée par un tireur de l’armée israélienne. Et ce, alors qu’elle couvrait pour son média le déchainement de ces soldats israéliens dans la ville de Jénine, au nord de la Cisjordanie.
74 ans après sa création, Israël fait preuve d’une férocité sans commune mesure. Les soldats israéliens surarmés pourchassent quotidiennement de jeunes palestiniens armés de pierres. Le comportement de la soldatesque israélienne relève de la psychiatrie, plutôt que de la pratique militaire commune.
Assassins d’hier et assassins d’aujourd’hui. Les soldats israéliens ne rappellent-ils pas les tueurs de la secte montagnarde de Hassan Sabbah qui, au 11e siècle, droguait ses partisans et les envoyait assassiner ses ennemis? Et ce sont ces « hachachines », les tueurs d’hier, qui servent aujourd’hui de référence étymologique au mot « assassin ». Sauf que la psyché du soldat israélien n’est pas affectée par les stupéfiants; mais par la haine étouffante des Palestiniens qu’ils ruminent continuellement.
C’est à croire que le soldat israélien n’est pas seulement soumis à une formation sur le maniement des armes; mais aussi à une manipulation psychologique visant à exacerber en lui la haine du Palestinien. A semer dans sa psyché les germes de la cruauté et de la brutalité. A extirper de sa personnalité toute propension à l’empathie, à la compréhension, à la compassion. Le but ultime de cet endoctrinement diabolique est de déshumaniser le Palestinien aux yeux du soldat israélien. De faire de lui une machine à tuer.
L’assassinat de la journaliste palestino-américaine Shireen Abou Akleh et les événements qui ont suivi ont montré au monde entier le degré de haine, de cruauté, de brutalité et d’inhumanité dont est capable le soldat israélien.
Cette femme de 51 ans n’est pas une Palestinienne ordinaire. Pendant un quart de siècle, elle a couvert pour son média les exactions brutales et les crimes quotidiens des forces d’occupation à Jérusalem-Est et dans les villes de Cisjordanie. Elle a finalement été victime de cette même violence qu’elle n’a cessée de dénoncer tout au long de sa carrière de journaliste.
Parce qu’elle est journaliste palestino-américaine, les autorités d’occupation ont ressenti une certaine gêne. D’où les entourloupettes plus ridicules les unes que les autres par lesquelles elles ont tenté de se disculper. De l’absurdité de « la balle tirée par un Palestinien », à la demande d’ « une enquête commune israélo-palestinienne ». En passant même par la dénonciation de la victime elle-même, « une propagandiste payée par les ennemis d’Israël qui a choisi elle-même d’entrer dans une zone de combat ». Les tentatives de disculpation ont suscité mépris et dérision.
Le plus méprisable est le comportement infâme de la soldatesque israélienne après la mort de Shireen Abou Akleh. La famille et les amis de la victime, après l’avoir amenée chez elle, ont orné la façade de la maison de drapeaux palestiniens et diffusé par haut-parleur des chansons nationalistes palestiniennes. C’était suffisant pour que des soldats armés jusqu’aux dents foncent sur la maison, arrachent furieusement les drapeaux palestiniens et ordonnent l’arrêt de la musique…
Mais le plus insensé eut lieu le jour de l’enterrement. Alors que le cercueil de la journaliste sortait de l’hôpital Saint-Joseph, transporté sur les épaules par de jeunes Palestiniens, les soldats les attaquent violemment, à coups de bâton sur la tête, le dos, les pieds. La raison? Les autorités d’occupation exigeaient que Shireen soit transportée vers sa dernière demeure dans une voiture mortuaire et non sur les épaules. Elles voulaient coûte que coûte empêcher une procession funéraire de l’hôpital au cimetière, avec une foule arborant des drapeaux palestiniens et criant des slogans anti-israéliens.
La scène était si inattendue, si terrifiante que même des commentateurs israéliens, sans sympathie particulière envers les Palestiniens, ont été choqués. Le journaliste Oded Shalom écrit dans le quotidien israélien Yediot Aharonot: « Les images de vendredi montrent une démonstration choquante de brutalité et de violence débridées. La police du district de Jérusalem a décidé de réprimer sévèrement quiconque ose brandir un drapeau palestinien. Comme si le fait de brandir un drapeau— un simple morceau de tissu, bon Dieu— lors d’une procession funéraire, pendant une heure ou deux, pouvait avoir un quelconque impact sur les revendications israéliennes de contrôle de Jérusalem. »
Evidemment, les Américains et les Britanniques en particulier et les Occidentaux en général ont d’autres chats à fouetter… en Ukraine. De toute manière, fouettage de chats ou pas en Ukraine, 74 ans de crimes sous un statut spécial le dispensant de se soumettre au droit international, ont permis à Israël d’intérioriser l’idée d’impunité et habitué ses amis occidentaux à regarder ailleurs quand les victimes sont des Arabes. Jusqu’à quand? La réponse est liée à l’issue de la guerre d’Ukraine…