La confiscation potentielle des actifs russes à l’étranger pourrait conduire à l’effondrement du système international d’économie politique, a rapporté mardi le Financial Times, citant des analystes.
Une saisie pure et simple de la richesse de Moscou serait considérée comme franchissant un Rubicon politique, selon Simon Hinrichsen, chercheur invité à la London School of Economics, cité par les médias. Ainsi la confiscation des actifs russes n’est pas sans avoir des impacts négatifs.
« Ce serait essentiellement une action qui éliminerait le système d’économie politique internationale que nous avons mis en place au cours des [récentes] décennies », a déclaré l’économiste.
Plus tôt dans la journée, le ministre allemand des Finances, Christian Lindner, avait déclaré au quotidien économique Handelsblatt qu’il était ouvert à l’idée de saisir les actifs de l’Etat russe pour financer la reconstruction de l’Ukraine. Linder a également appelé à évaluer les possibilités légales de saisir les avoirs étrangers de la Banque centrale russe.
Si l’idée de saisir les actifs était « séduisante », elle était aussi « inutile et imprudente », ont déclaré Nicolas Veron et Joshua Kirschenbaum dans un article de blog publié lundi par le groupe de réflexion Bruegel.
« Se tenir de manière crédible pour un ordre fondé sur des règles vaut plus que les milliards qui seraient gagnés en s’appropriant l’argent de la Russie », ont déclaré les auteurs.
« Les pays placent leurs réserves dans d’autres pays en espérant qu’ils ne seront pas expropriés dans des situations autres que la guerre les uns avec les autres. »
Le mois dernier, le président américain Joe Biden a demandé au Congrès de lui accorder le pouvoir de saisir les avoirs de riches individus soupçonnés d’avoir des liens avec le Kremlin et de les utiliser pour aider l’Ukraine.
Plus tôt cette semaine, les autorités ukrainiennes ont adopté une législation autorisant la confiscation des biens de ceux qui soutiennent la Russie. La nouvelle loi élargit le champ d’application des règles précédentes qui permettaient à Kiev de saisir des avoirs appartenant à des citoyens russes, à des personnes ayant des liens étroits avec la Russie et à des entreprises qui opèrent en Ukraine et dont la Russie est le bénéficiaire.