Les débats hier se focalisaient tous sur l’impact de la hausse du Taux Directeur sur le financement de l’économie et l’accessibilité aux crédits, notamment aux les particuliers. Comme d’habitude, nous en entendons de toutes les couleurs. Pour avoir une idée claire, rien de mieux que les chiffres pour savoir dans quelle mesure ce que prétendent ces experts est vrai.
Pour cela, nous avons croisé les chiffres des volumes de crédits accordés par le système bancaire avec les mouvements du Taux Directeur depuis 2011. L’objectif est de calculer la moyenne mensuelle des prêts accordés par les banques entre deux révisions de taux par le régulateur. Cela nous donnera une image assez réelle de la sensibilité de la décision de s’endetter aux manœuvres de politique monétaire de la BCT.
Pour les particuliers, il faut dire que le secteur bancaire a toujours été en harmonie avec ses principes. Si le client est titulaire dans son poste et dispose d’un contrat à durée indéterminée, cela signifie qu’il aura un accès facile aux crédits de consommation et d’habitation. S’il a un contrat à durée déterminée, il aura un financement tout au long de la période couverte par le contrat. Les incidents de remboursement se font donc rares.
Selon nos statistiques, la demande des crédits bancaires par les particuliers est très sensible au niveau du Taux Directeur. Plus le coût monte, plus la décision de s’endetter est pensée deux fois avant de la prendre. Si nous excluons le pic du mois de mai 2017, qui a enregistré un volume de prêts de 350,955 MTND, nous constatons que le meilleur rythme d’octroi de crédits bancaires est observé entre septembre 2011 et août 2012. Sur cette période, la moyenne mensuelle était de 218,015 MTND.
Pour mieux analyser, il faut tenir compte de certains facteurs conjoncturels, avec la vague de titularisation d’une grande partie des fonctionnaires post-révolution. Ainsi que l’anarchie qui s’est répandue dans le pays et les investissements dans l’immobilier en absence de contrôle administratif efficace.
La capacité d’endettement atteint ses limites
Mais depuis, la moyenne a fortement régressé. Dès la hausse du Taux Directeur en mai 2017, l’impact sur l’endettement des ménages a été touché. Lorsqu’il a atteint 7,75%, les crédits mensuels aux particuliers se sont établis à 21,037 MTND seulement. Cela prouve qu’à un certain niveau, la capacité d’endettement atteint ses limites. Cela sera vrai cette fois également. Le contexte est peu porteur pour s’offrir un nouveau véhicule ou un appartement avec ces taux. La demande devrait se concentrer sur les crédits à la consommation en cas de besoin.
La révision du Taux Directeur reste donc un outil efficace pour réduire la demande des ménages. Il reste à trouver une solution pour l’argent généré par l’économie souterraine et qui dope le pouvoir d’achat d’une partie des Tunisiens.