Samir Saïed, ministre de l’Économie et de la Planification a fait l’exception parmi les membres du gouvernement en accordant, le 19 mai 2022, une interview d’une dizaine de minutes sur France 24 pour faire le point sur la situation économique et financière en Tunisie. Il s’agit d’une première même si les observateurs critiquent sévèrement le fait qu’il soit accordé à média étranger.
Samir Saïed a reconnu que la situation est difficile dans la mesure où plusieurs facteurs entrent en jeu dans le sens où elle a été aggravée par la pandémie sanitaire due à la prolifération du Coronavirus, suivie par la récente guerre russo-ukrainienne qui a impacté, négativement, les volets de l’importation des produits de base.
Le ministre a indiqué, également, que le pays « a besoin de réformes structurelles afin de dépasser les séquelles d’une décennie, marquée par une croissance très faible, d’où l’obligation de se remettre à la tâche en vue de remettre le pays sur la bonne voie grâce, d’abord, au rétablissement de la confiance avec un démarrage de la phase d’implémentation ».
Un accord est attendu avec le FMI dans les semaines à venir
Prié de donner des précisions sur l’état des pourparlers avec le Fonds monétaire international (FMI), Samir Saïed a assuré qu’il est tout à fait normal qu’ils prennent du temps tout en annonçant que la question n’est, désormais, que de quelques semaines . « Pour nous, l’essentiel reste l’obtention d’un accord pour le prêt de 4 milliards de dollars, nécessaire pour le démarrage effectif des réformes, et non les délais, car nous sommes confiants quant au résultat final », a indiqué le ministre en substance.
Pressé de se prononcer sur certains bruits évoquant « un effondrement prochain de l’économie tunisienne, le ministre a qualifié ces bruits d’intox ? « Mais qui parle d’effondrement, s’est-il interrogé ? Au contraire, nous sommes en train de faire le nécessaire pour éliminer les origines du déséquilibre financier. Aujourd’hui, le chemin est balisé et nous avons déjà commencé à implémenter les six réformes concernant notamment, les salaires, la Fonction publique, les subventions et les entreprises publiques », a t-il assuré en substance.
On n’interfère pas dans les décisions de la BCT
Et d’enchaîner qu’avec le FMI, il n’a jamais été question de supprimer les subventions des produits de base ou encore du gel des salaires. « A l’avenir, il s’agira de réorienter les aides vers ceux qui en ont vraiment besoin sachant que la plateforme d’aide aux plus nécessiteux est déjà mise en place. Quant au prétendu gel des salaires, il n’a pas été à l’ordre du jour, nous allons, plutôt, limiter les augmentations de salaires», a-t-il expliqué.
Et tout en fustigeant les propos de certains parlant d’un prétendu défaut de paiement de la Tunisie, Samir Saïed a assuré que la Tunisie n’a jamais failli à ses engagements avant d’évoquer la dernière décision de la Banque Centrale de Tunisie concernant le relèvement du taux directeur. Il a précisé qu’elle est mue par la hausse de l’inflation tout en réaffirmant qu’il ne veut pas interférer dans l’approche suivie par la BCT.
Noureddine HLAOUI