Depuis plus d’un mois, le blocus naval dans les principaux ports ukrainiens de la Mer Noire provoque un effet cascade. Il risque de déboucher sur une véritable famine mondiale, à commencer par les pays africains (avec l’Ouganda au premier rang). En effet, les exportations de blé, de tournesol et de colza sont bloquées, provoquant l’inflation et des pénuries dans le monde entier.
Kiev et Moscou, en fait, représentent environ 30% des exportations de blé. Et maintenant les chaînes d’approvisionnement sont réduites par le conflit en cours. L’Ukraine produit à elle seule jusqu’à la moitié des graines de tournesol mondiales. De même qu’un dixième du blé (25 millions de tonnes de blé sont bloquées dans les silos du pays) et près d’un cinquième de l’orge et du colza.
En avril, seulement environ 1 million de tonnes de céréales et de graines ont été exportées. Contre plus de 5 millions de tonnes de blé et 700 000 tonnes d’oléagineux par mois en année normale. Alors, les prix montent en flèche; notamment en Afrique, où le prix du pain double déjà. Et il y a des pays où l’importation de blé atteint plus de 90%. Ajoutez à cela le fait que l’Inde, qui est le deuxième plus grand producteur de blé au monde, a bloqué ses exportations de céréales.
Une situation alarmiste
En Ukraine, des tentatives sont déjà faites pour remplacer les exportations maritimes par des camions et des trains voyageant par voie terrestre. Mais les connexions sont entravées à travers le pays. Ainsi, le président de la société ukrainienne MHP, John Rich, estime que les routes et les chemins de fer pourraient toutefois remplacer un peu plus du quart de la capacité garantie par les ports ukrainiens. Non seulement cela. Mais il faudrait trop de temps pour rétablir les connexions, du moins dans ces conditions. Selon M. Rich, donc, « sans solution, beaucoup hésiteraient à planter pour l’hiver ».
La production de blé, d’huile de tournesol et d’autres cultures en Ukraine cette année devrait baisser d’environ 35%. Pour le gouverneur de la Banque d’Angleterre, le conflit en Ukraine entraîne la plus forte inflation au Royaume-Uni en trente ans. De même, Andrew Bailey lance un avertissement. Il estime que les prix alimentaires « apocalyptiques » pourraient avoir un impact désastreux à 360 degrés sur l’Occident et les pauvres du monde.
La situation du blé, en effet, a aussi des effets dangereux sur le reste de la chaîne alimentaire. Le prix du riz, par exemple, a augmenté de 21% l’année dernière; et ce, selon une analyse de la Coldiretti. De plus, le coût des graisses végétales est en hausse de 46%; celui des céréales de 34%. Viennent ensuite les produits laitiers (24%), le sucre (22%) et la viande (17%). En général, les prix alimentaires mondiaux ont augmenté de 30% par rapport à avril 2021.
Possible catastrophe humanitaire
Alors, les craintes de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), sont une catastrophe humanitaire. Et ce, sans une forte augmentation de l’aide dans la région. D’ailleurs, l’organisme international avait prévu d’aider 1,93 million d’habitants de communautés rurales dans un délai de six mois. Afin d’éviter une nouvelle détérioration de la situation alimentaire dans des pays comme l’Éthiopie, la Somalie et le Kenya.
« La situation n’a fait qu’empirer depuis le début de l’année ». C’est ce qu’explique David Phiri, coordinateur sous-régional de la FAO pour l’Afrique de l’Est. La saison des pluies, qui s’étend de mars à mai, a jusqu’à présent apporté des précipitations inférieures à la moyenne dans la région. Laquelle fait maintenant face à la pire sécheresse depuis quarante ans.
Désormais, le Programme alimentaire mondial (PAM) des Nations Unies lance une alarme. Il prévient que le nombre de personnes souffrant de la faim dans la Corne de l’Afrique pourrait passer de 15 à 20 millions cette année.
Pendant ce temps, en Afrique centrale et occidentale, plus de 40 millions de personnes pourraient ne pas être en mesure de satisfaire leurs besoins alimentaires de base.