« Nous sommes dans une situation particulière dans la mesure où la persistance de l’opacité quant à la conjoncture politique engendre un blocage de la situation économique en Tunisie ». C’est ce que conclut le professeur en sciences économiques et membre du conseil d’administration de la Banque centrale (BCT), Moez Laâbidi. Et ce, lors de son passage, ce matin du lundi 23 mai 2022, à l’émission « Expresso » sur les ondes de Radio Express Fm.
Moez Laâbidi a précisé, également, que les confinements successifs et les multiples mesures d’ordre sanitaire ont généré une baisse de l’inflation. Avant de connaître un grand bond suite à la reprise de la dynamique économique.
Puis, la guerre en Ukraine a conduit à un autre blocage marquant les chaînes d’approvisionnement en divers produis alimentaires et énergétiques; ainsi qu’à une hausse sensible des prix, a-t-il poursuivi.
Moez Laâbidi estime, toutefois, que l’éventuelle fin du conflit russo-ukrainien ne signifie pas un retour à la normale des prix et un ralentissement de la hausse du taux d’inflation.
Réformes et transition énergétique en retard
Et d’ajouter, dans le même ordre d’idées, que le recours aux énergies fossiles entraînerait une baisse de l’investissement au niveau de ce secteur. Car nous ne sommes pas prêts à la transition énergétique. Alors que le prix du baril de pétrole continue à progresser. Ce qui peut être à l’origine de certains mouvements sociaux.
Moez Laâbidi souligne, par ailleurs les retards enregistrés dans la mise en œuvre des réformes en Tunisie. Tout en mettant l’accent sur l’absence d’impact de l’introduction de modification au niveau du taux d’intérêt ou de la taxation. Et ce, en raison du flou politique et institutionnel.
Et d’enchaîner que les politiques de relance sont susceptibles d’impacter les pays développés. Mais pas les Etats tels la Tunisie, où l’encouragement à la consommation peut provoquer une hausse du déficit de la balance commerciale.
Or, la hausse de l’inflation en Tunisie, ajoute t-il, ne peut que limiter la marge de manœuvre. Et elle ne permet pas de baisser le taux d’intérêt… Ainsi, la fragilité du secteur financier est en train de perturber la relance économique.
Et de conclure par un appel à réfléchir d’une manière plus sérieuse en vue de garantir l’efficacité des politiques monétaires et financières. Car, si on y ajoute l’absence d’un programme de réformes avec l’aide du Fonds monétaire international (FMI), les risques seraient plus graves.
Noureddine H.