Une crise alimentaire mondiale croissante précipite les mouvements protectionnistes des pays qui sont susceptibles d’aggraver le problème et pourraient conduire à une guerre commerciale plus large. C’est ce qu’ont déclaré des chefs d’entreprise et des décideurs politiques au Forum économique mondial de Davos. Suscitant des appels à des négociations urgentes pour éviter une véritable guerre commerciale.
Le Forum économique mondial de Davos a débuté le 22 mai 2020 sur fond de signe de la pression croissante sur les approvisionnements alimentaires et de la hausse des prix. Ainsi, les analystes prévoient que l’Inde pourrait restreindre les exportations de sucre pour la première fois en six ans. Afin d’empêcher une flambée des prix intérieurs.
Pendant ce temps, l’Indonésie, le plus grand exportateur mondial d’huile de palme, supprimera une subvention sur l’huile de cuisson en vrac et la remplacera par un plafond de prix sur les matières premières pour les raffineurs locaux.
« Il est très important que les dirigeants du monde s’assoient à la table avec calme et discutent de la manière dont nous allons gérer le commerce, l’alimentation et l’investissement ». Ainsi déclare Jay Collins, vice-président de la banque, des marchés de capitaux et du conseil chez Citigroup, depuis Davos.
« C’est un problème majeur, et franchement, je pense que le problème est encore plus grand devant nous que derrière nous ». C’est ce qu’estime pour sa part Gita Gopinath. Il est le premier directeur général adjoint du Fonds monétaire international. Et ce, à propos des préoccupations croissantes en matière de sécurité alimentaire.
Palissade
Pour les pays d’Afrique subsaharienne, par exemple, 40% de leur consommation est consacrée à la nourriture, a déclaré Mme Gopinath. En plus d’un « coup dur pour le coût de la vie », les hausses de prix ont donné lieu à une thésaurisation par les gouvernements.
« Nous avons plus de 20 pays qui ont imposé des restrictions sur les exportations de nourriture et d’engrais. Et cela ne peut qu’aggraver le problème et les choses », a-t-elle déclaré lundi.
La guerre en Ukraine a provoqué une crise soudaine dans une crise qui était déjà imminente, affirme de son côté David Beasley. D’ailleurs, le directeur exécutif du PAM des Nations unies, ajoute: « Nous étions confrontés à une crise alimentaire extraordinaire avant l’Ukraine. Les prix des denrées alimentaires, les prix des matières premières, les frais d’expédition doublaient, triplaient, quadruplaient déjà ».
Alors, le nombre de personnes « marchant vers la famine » est passé de 80 millions à 276 millions; et ce, au cours des quatre à cinq dernières années. C’est encore ce que précise M. Beasley à Reuters, dans une interview à Davos.
En outre, il relève que de nombreuses entreprises de Davos ont été en contact. Et ce, sur la manière dont elles peuvent agir pour faire face à la crise alimentaire.
Changement climatique et sécurité alimentaire
« L’agriculture doit faire partie de la solution au changement climatique et doit s’attaquer à la sécurité alimentaire ». Ainsi souligne Erik Fyrwald, PDG du groupe Syngenta, lors d’une table ronde lundi.
A cet égard, M. Fyrwald révèle que Syngenta a des fermes de démonstration qui montrent des pratiques agricoles. Telles que comment ne pas labourer le sol et couvrir les cultures en hiver pour prévenir l’érosion du sol étaient meilleures pour le sol, la sécurité alimentaire et le changement climatique.
Etait également présent, Gilberto Tomazoni, PDG de JBS SA, le plus grand transformateur de viande au monde. Il s’exprimait lors d’un panel mardi. Pour lui, une autre solution potentielle à la crise alimentaire est de lutter contre le gaspillage.
« L’humanité est confrontée à deux grandes urgences en même temps. Nous devons faire face au changement climatique et nous devons produire plus pour nourrir une population croissante », conclut M. Tomazoni.