Le gouvernement libanais- formé après les élections du 15 mai dernier- vient d’approuver un plan de relance économique. Celui-ci prévoit l’annulation d’une grande partie de la dette en devises de la Banque centrale envers les établissements bancaires commerciaux. Ainsi que la dissolution des banques insolvables.
Le plan de relance conçu par le gouvernement de Beyrouth comprend l’annulation de la dette de la Banque centrale du Liban, des réductions des déposants, rapporte Reuters.
En effet, le gouvernement libanais prévoit d’annuler « la plupart » des obligations en devises de la banque centrale envers les banques commerciales. De même que de dissoudre les banques non rentables d’ici novembre. C’est ce qui ressort d’un plan de redressement financier approuvé par le Cabinet. Le document, vu par Reuters et vérifié comme exact par un ministre, a été approuvée par le Conseil des ministres. Et ce, lors de sa dernière séance, quelques heures avant de perdre ses pouvoirs décisionnels; suite à l’élection du nouveau Parlement le 15 mai.
Les différentes mesures envisagées
Il comprend plusieurs mesures qui sont des conditions préalables au déblocage des fonds d’un accord préliminaire avec le FMI conclu en avril. Lequel pourrait aider à sortir le pays d’un effondrement financier de trois ans.
Le vice-Premier ministre Saade Chami a déclaré que l’approbation du plan est un « pas en avant ». Mais que le parlement libanais nouvellement élu doit « rapidement » prendre une série d’actions préliminaires avec le FMI. Comme des modifications des règles du secret bancaire. De même qu’un projet de loi sur le contrôle des capitaux que les législateurs ont échoué à plusieurs reprises à adopter. « Nous pouvons mettre les choses sur papier. Mais nous devons nous assurer que tout ce à quoi nous nous sommes engagés sera fait à l’avenir », a déclaré Chami. « Je ne peux pas prédire s’il y a une volonté politique de le faire. »
A cet égard, le plan approuvé prévoit un examen complet de la situation financière de la Banque centrale du Liban d’ici juillet. Ainsi, le gouvernement « annulera initialement une grande partie des obligations en devises de la Banque centrale envers les banques. Afin de réduire le déficit de capital de la BDL », indique le document.
Par ailleurs, les 14 plus grandes banques commerciales, qui représentent 83% du total des actifs, seraient également auditées. Les banques durables seraient alors recapitalisées. Avec des « contributions importantes » des actionnaires des banques et des gros déposants. Le plan prévoit aussi de protéger les petits déposants « dans la mesure du possible » dans chaque banque rentable. Mais il ne prévoit pas de montant minimum à protéger; contrairement aux projets du plan.
Le FMI pointé du doigt
De nombreux économistes libanais, ainsi que des organisations humanitaires, imputent depuis des années une lourde responsabilité au FMI, sœur de la Banque mondiale. Et ce, pour avoir imposé des mesures drastiques à des pays aidés par d’énormes ressources financières. A travers les fameux « ajustements budgétaires structurels ». Et les formules de relance « suggérées » inspirées par des formes de néolibéralisme impitoyable. Ces dernières prévoyant: la privatisation des organismes publics; la libéralisation des marchés des capitaux, des biens et des services; et surtout une réduction drastique des dépenses sociales.
Or, comment et dans quelle mesure cette logique du FMI sera appliquée dans un pays qui repose sur des équilibres politico-confessionnels très délicats? On ne sait pas.
En arrière-plan, il ne reste qu’une image tragique d’une nation en désarroi. Avec des poches de pauvreté importantes et généralisées qui demandent des solutions immédiates pour surmonter la crise.
La morsure de la crise sur les familles pauvres
Les conséquences les plus lourdes de l’effondrement vertical de l’économie libanaise, avec la lire qui au taux de change « informel » sur le dollar américain est de 34 000 pour 1 $, sont subies, comme toujours, par les familles les plus pauvres. Et surtout par les environ deux et demi millions de réfugiés (Syriens et Palestiniens) qui s’ajoutent à la population d’un pays d’un peu plus de 4,5 millions d’habitants.
Au sommet des urgences se trouvent les enfants, comme le soulignent les travailleurs de Save The Children. Ils sont contraints aujourd’hui d’affronter la faim, dans sa forme la plus impitoyable.
Au choix : manger ou envoyer les enfants à l’école au Liban
« La situation au Liban s’est définitivement aggravée ». C’est ce que déclare Jennifer Moorehead, directrice de Save the Children au Liban. « Maintenant, un salaire mensuel complet d’un salaire minimum est à peine suffisant pour faire le plein d’essence d’une petite voiture. Les familles sont confrontées à des choix impossibles. Et les familles dont nous nous occupons nous disent qu’elles doivent chaque jour décider d’acheter de la nourriture ou de payer un loyer; d’acheter des médicaments ou d’envoyer leurs enfants à l’école ». Un contexte, a ajouté Jennifer Moorehead, qui « ne peut manquer d’avoir un impact dévastateur sur les petits réfugiés libanais et les petits réfugiés syriens et palestiniens dans tout le pays. Rendant les nécessités de base encore plus hors de portée et obligeant à des choix de plus en plus difficiles ».