Le Juriste et universitaire tunisien, spécialiste des théories politiques islamiques et de droit public Yadh Ben Achour affirme qu’il votera contre la Constitution de Kaïs Saïed. Et ce lors du référendum du 25 juillet 2022.
Invité sur le plateau de l’émission « Jaweb Hamza » sur Mosaïque FM, aujourd’hui 29 mai Yadh Ben Achour affirme que toute la démarche de Kaïs Saïed est illégitime. Cependant, il participera en votant contre son projet. Il appelle les partis politiques qui vont boycotter le référendum à revoir cette démarche. Bien avant qu’il devient président de la République, Kaïs Saïed a déclaré que le référendum est un instrument dictatorial. Rappelle l’éminent juriste.
L’universitaire tunisien a mis en garde ses collègues qui contribuent à la rédaction de la Constitution. Et ce dans le cadre de la commission nationale pour la nouvelle République. Car « déchirer la Constitution est un acte qui aura des rebondissements et des répercussions ». D’ailleurs, le professeur affirme qu’il ne faut pas guérir le mal par le mal tout en affirmant que la situation politique critique avant le 25 juillet.
Revenant sur sa relation avec Kaïs Saïed quand ce dernier était encore chercheur à la faculté de droits et des sciences politiques de Tunis, Ben Achour affirme qu’il était une personne calme et très gentille. « Je lui ai ouvert ma maison pour qu’il puisse consulter quelques manuscrits », se rappelle-t-il. Et de poursuivre « maintenant je ne le reconnais plus, ce n’est pas la même personne ».
Par ailleurs, il a affirmé que la Haute instance pour la réalisation des objectifs de la révolution, de la réforme politique et de la transition démocratique n’était en aucun cas responsable de ce qui s’est passé en Tunisie après le 23 octobre 2013. Le juriste affirme, dans le même contexte que l’instance avait préparé un projet de constitution simple et bref qui n’a rien à voir avec l’esprit de la constitution de 2014.
« Mais l’Assemblée nationale constituante a préféré démarrer à partir d’une feuille blanche. Sadok Belaïd et Amine Mahfoud ont contribué à la rédaction de ce projet de constitution », explique-t-il. Il indique, également, que le peuple Tunisie a voté pour mouvement Ennahdha et ce n’est pas la responsabilité de l’instance qui a cédé à la revendication de la mise en place d’une ANC.
Mouvement Ennahdha, de la nécessité de faire de l’autocritique
Adressant des critiques au mouvement Ennahdha, Yadh Ben Achour estime que ce parti politique fait face à la haine du peuple et qu’il doit tirer les leçons du passé s’il veut retrouver le pouvoir. Il indique qu’il faut rompre avec la culture des pots de vain et l’infiltration dans les appareils de l’Etat. Concernant la Cour constitutionnelle, l’universitaire considère que la priorité doit être donnée aux plus compétents et aux plus patriotiques. Et non au plus proche du pouvoir politique.
Revenant sur le dialogue initié par le président de la République Kaïs Saïed, il affirme que le dialogue dans sa forme actuelle est un dialogue technique entre des experts et juriste. De ce fait, il recommande un dialogue ouvert. Car pour le moment, il s’agit d’un dialogue qui ne mène à rien.
« Le dialogue doit être effectif car on va préparer une constitution », lance-t-il. Ben Achour affirme, également, qu’être contre Kaïs Saîed ne veut pas dire soutenir mouvement Ennahdha.
Il considère que Kaïs Saïed n’a pas l’étoffe d’un président de la République. « Il n’accepte ni consensus, ni concessions encore un dialogue sans exclusion », lance-t-il. Le professeur affirme, dans le même contexte, que le décret régissant l’activité de l’ISIE n’est pas constitutionnel. Car il ne respecte même pas l’esprit des articles 125 et 126 de la Constitution et les standars internationaux.
Long est le processus révolutionnaire
Sur sa relation avec l’UGTT, Ben Achour affirme que l’UGTT doit reconnaitre la pluralité syndicale. Il rappelle que la centrale syndicale l’a invité pour donner son avis lors du dialogue national en 2013. « Par contre on peut être contre Kaïs Saïed et mouvement Ennahdha en même temps », précise-t-il.
Répondant à la question de l’animateur sur la révolution tunisienne, le Juriste et universitaire tunisien affirme que les révolutions ne réussissent pas instantanément. Ils considèrent que les révolutions ouvrent la porte de l’avenir. Il cite l’exemple de la Révolution française. Cette révolution a connu plusieurs péripéties. Il s’agit de la guerre civile, crises sociales et économiques et le retour des royalistes avant d’atteindre ses objectifs. Il a souligné l’importance incontestable du facteur temps dans la réussite de toute révolution.