La situation des entreprises publiques opérant dans le secteur du transport est connue. Elles souffrent toutes de pertes structurelles qui nécessitent un lourd plan de sauvetage. Toutefois, il y a des entités dont le redressement est plus faisable que d’autres. A notre avis, celle qui peut s’en sortir plus rapidement est la SNCFT, qui a encore quelques atouts.
Selon le rapport sur les entreprises publiques publié le Ministère des Finances, et en dépit du résultat net négatif de 2020 (-103,6 MTND), la société affiche toujours des fonds propres de 814,9 MTND. Elle n’a donc pas besoin d’une recapitalisation, mais plutôt d’une nouvelle stratégie pour améliorer son activité commerciale et d’un assainissement social. En 2021, la SNCFT a enregistré une amélioration de ses revenus. Le transport des clients a atteint 22,037 MTND, soit une moyenne mensuelle de 1,836 MTND contre 1,732 MTND en 2020. Le transport de marchandises a généré 25,077 MTND, soit une moyenne mensuelle de 2,089 MTND contre 1,798 MTND en 2020.
En effet, ces produits ne représentent qu’une partie des revenus qui se sont établis, en moyenne, 158,6 MTND sur 2018-2020. La société bénéficie d’une subvention d’exploitation annuelle de 65 MTND de l’Etat qui lui permet de garder les prix des billets accessibles aux voyageurs.
Sur la même période, la SNCFT a supporté des charges de personnel moyennes de 131,6 MTND, soit 54,9% des charges d’exploitation totales. Elle a également investi une enveloppe moyenne de 184,8 MTND. Ce qui explique en partie ses pertes.
Mobilité durable
Puisque la structure des dépenses de la société est peu flexible, il faut plutôt jouer sur les revenus. A court terme, une hausse des prix des billets reste inévitable, surtout avec le coût du carburant.
En contrepartie, il faut aussi mieux entretenir les wagons afin d’offrir un minimum de confort aux voyageurs et respecter les horaires annoncés.
Pour le transport des phosphates, il faut également réviser les tarifs et profiter de la reprise de l’activité.
A moyen et long terme, la société doit lancer un programme d’investissement pour moderniser ses infrastructures et couvrir le reste du pays. Elle a un potentiel important pour augmenter significativement ses recettes.
Les financements et les subventions internationales pour ce type de projets sont disponibles, surtout s’il s’agit d’un programme de transport propre.
Aujourd’hui, il y a les trains hybrides qui remplacent ceux en diesel. Il n’y a plus besoin d’électrifier entièrement des lignes grâce à des batteries rechargeables capables d’assurer des dizaines de kilomètres d’autonomie.
La Tunisie peut profiter pleinement de cette technologie vue que la majorité de ces trajets ne sont pas longs et il est possible d’exploiter ces innovations.
Reste à préciser que les citoyens doivent mieux se comporter. Il n’est pas acceptable de voir le matériel de la compagnie, acquis via des dettes en devises, endommagé par les jets de pierres ou brûlé lors des contestations populaires. Améliorer notre qualité de vie est une responsabilité partagée.