Incendies, il n’y a que le crépitement du feu qui caresse les tympans des victimes qui ont vu devant leurs yeux, le macabre effondrement de leurs maison, entreprises, projet voire rêve. Rien ne règne dans ces moments de désolation et de ravages que les pleurs et le son retentissant des sirènes annonçant le désastre en volant aux secours des victimes sans défense devants les flammes.
Il ne s’agit pas d’une scène d’un film d’horreur ou d’un passage d’un roman d’épouvante. C’est bel et bien une réalité fâcheuse vécue par les victimes des incendies. D’ailleurs, les chiffres de 2021 en sont la preuve: 16 021 incendies se sont déclenchés en 2021 dont 15 339 pour des causes indéterminées. Ces incendies n’ont épargné aucun type d’espace durant l’année écoulée. A titre d’exemple, les: herbes (5521), entreprises industrielles (369), foyers/maisons (1510) et espaces ouverts au public (575). Dans tous les cas, l’incendie est craint. Telles sont les données officielles de la protection civile dont le représentant était l’un des intervenants lors d’une journée de sensibilisation, aujourd’hui 13 juin. Cette journée portait sur la « Prévention contre le risque incendie: Tous concernés… Tous engagés ».
Ainsi, le représentant a regretté le faible intérêt des Tunisiens pour l’assurance incendie. De même que le manque de formation à agir du personnel des entreprises en cas d’incendie. Il a d’ailleurs recommandé entre autres plus de vigilance et plus de formation du personnel des entreprises privées.
Comme les chiffres sont têtus, ils ne font que refléter la triste réalité des incendies en Tunisie
Qu’on en juge: le montant total des indemnités payées est en augmentation ces dernières cinq années et passe de 32,8 MD en 2016 à 107,2 MD en 2020. Cependant, les montants en question demeurent malgré tout inférieurs à la période 2011/2013 au cours de laquelle. Les indemnités réglées ont atteint 112,5 MD dans des conditions économiques où le taux de conversion du dinar par rapport à l’euro était beaucoup plus faible (2,16 dinars contre 3,28 dinars). Il s’agit de statistiques officielles établies par le CGA et la FTUSA. Elles ont été présentées lors de la journée de sensibilisation, par Hichem Saïed, ingénieur expert auprès de la FTUSA.
L’intervenant n’a pas manqué de présenter une panoplie d’exemples d’incendie ainsi que leurs dégâts enregistrés. En 2022, un incendie dans un atelier de broderie à Tunis à causé des dommages qui s’établissent sur 470 m², son origine est électrique. Les dommages ont atteint 200 mille dinars. En 2021, un abattoir de volailles à Ben Arous a été détruit totalement (3500 m²). Le matériel et un stock important de matière première sont partis en fumée à cause d’un court-circuit électrique. Pour des dommages s’élevant à 10,6 millions de dinars. Par ailleurs, l’exemple le plus parlant et désolant à la fois est celui de la destruction d’un atelier d’assemblage (500m²). Ainsi que la contamination par la fumée de l’ensemble de l’usine comprenant plusieurs salles blanches. L’origine du drame n’est autre que l’échauffement résistif dans un bloc de prises de courant.
Les dommages ont atteint 48 millions de dinars. A noter que 70% d’incendies mortels ont lieu dans la nuit et les week-ends, pour les habitations. L’intoxication par la fumée est la première cause de décès chez les victimes d’incendie. Pour ce qui est du domaine agricoles, selon l’expert, 90% des départs de feux sont d’origines humaines. Et la moitié des feux est une conséquence d’une imprudence. 80% des feux se déclenchent à moins de 50 mètres des habitants. Pour cette raison, il considère que 50% des départs en feux auraient pu être évités en appliquant les gestes barrières.
Dans la même perspective, Néjib Gouider, un autre expert en incendie auprès de la FTUSA, souligne l’importance de prévenir. Mais également d’appliquer la loi pour faire respecter les normes de sécurité et d’actualiser continuellement la réglementation pour suivre l’évolution des techniques et des mécanismes de prévention et de lutte contre les incendies.
De leur coté, Hafedh GHARBI, Président du Comité Général des Assurances (CGA) et le président de la Fédération Tunisienne des Sociétés d’Assurance (FTUSA) Habib Ben Hassine ont souligné lors de leur intervention le cadre juridique adéquat de l’assurance incendie et le manque d’intérêt des Tunisiens pour l’assurance incendie.