La gauche unie menée par l’Insoumis Jean-Luc Mélenchon et l’alliance présidentielle dirigée par la Première ministre Élisabeth Borne sont arrivées au coude-à-coude au premier tour des élections législatives françaises. Laissant présager le retour du classique clivage gauche-droite dans la future Assemblée nationale.
Grosse surprise. Tel un phénix, la gauche française donnée pour morte encéphalique par la plupart des observateurs « avertis », renaît de ses cendres. Retour du clivage gauche-droite que l’on croyait disparu à jamais dans la future Assemblée nationale? Et Jean-Luc Mélenchon au pouvoir?
En effet, le premier tour du scrutin législatif qui se tenait dimanche 12 juin a été marqué par une abstention record. Ainsi, plus d’un Français sur deux (52,49%) ne se sont pas déplacés au bureau de vote. Il s’est conclu sur un match nul entre l’alliance macroniste « Ensemble ! », dirigée par la Première ministre Élisabeth Borne et la NUPES, menée par le leader des Insoumis Jean-Luc Mélenchon.
Un duel extrêmement serré
Si le parti présidentiel est arrivé en tête des suffrages avec 25,75% des voix. Il est au coude à coude avec la NUPES, l’alliance de gauche qui réunit La France Insoumise, le Parti Socialiste, Europe Écologie-Les verts et le Parti Communiste. Laquelle obtient 25,66% des suffrages exprimés.
Pour sa part, le Rassemblement National de Marine Le Pen réalise un score de 18,68%. En effet, les candidats du RN n’ont pas réussi à capitaliser la dynamique de leur cheffe à la présidentielle. Elle avait pourtant engrangé plus de 40% des voix au deuxième tour de la présidentielle.
Sachant tout de même que la malheureuse candidate à l’élection présidentielle réalise le score confortable de 53,96% des suffrages exprimés dans la 11ème circonscription du Pas-de-Calais. Mais, n’ayant obtenu que 22,53% des voix des inscrits alors qu’il en fallait 25% pour être élue dès le premier tour, elle devra attendre le résultat du second tour, le 19 juin prochain. Et ce, pour siéger pour la première fois dans sa longue carrière à l’Assemblée nationale.
Par ailleurs, bonne nouvelle. Reconquête, le parti du triste Éric Zemmour n’obtient que 4,24% des suffrages. Il se voit ainsi éliminé dès le 1er tour dans la 4ème circonscription du Var. En étant devancé par la candidate de l’alliance présidentielle et celui du Rassemblement national. Tous deux qualifiés pour le second tour. Une claque retentissante après l’humiliation de la présidentielle.
Mélenchon : « Le parti présidentiel est battu et défait »
S’exprimant devant ses partisans pour commenter les premiers résultats, Jean-Luc Mélenchon estimait pour sa part que « le parti présidentiel, au terme du premier tour, est battu et défait ». Et que « la NUPES arrive en tête. Elle sera présente dans plus de 500 circonscriptions au deuxième tour ». Alors, il appelle « le peuple à déferler dimanche prochain pour rejeter définitivement les projets funestes de la majorité du président Macron ».
« Pour la première fois de la Ve République un président nouvellement élu ne parvient pas à réunir une majorité à l’élection législative qui suit », conclut-il à juste titre.
Élisabeth Borne : « menaces d’instabilité politique »
Pour sa part, la Première ministre, Élisabeth Borne affirme que « Ensemble ! » est « la seule force politique en mesure d’obtenir la majorité à l’Assemblée ». Avant d’ajouter que les candidats de l’alliance présidentielle ont une semaine devant eux « pour convaincre ». De même que « pour obtenir une majorité forte et claire ». Tout en mettant en garde ses compatriotes de ce qu’elle a qualifié de « menaces d’instabilité politique ».
« Face aux extrêmes, nous seuls portons un projet de cohérence, de clarté et de responsabilité. J’appelle donc toutes les forces républicaines à se rassembler autour de ce projet et de nos candidats ». Ainsi poursuivait-elle lors d’une allocution depuis le siège de campagne d’Ensemble! à Paris.
Rappelons que l’enjeu de ces législatives sera d’obtenir, dimanche 19 juin, la majorité absolue à l’Assemblée nationale française. Soit 289 sièges sur un total de 577. Les premières projections donnent un avantage à la majorité sortante réunie sous l’étiquette Ensemble !, avec une fourchette de 255 à 295 sièges, devant la gauche (150 à 190).
La gauche, principal parti d’opposition
Or, il est évident que Jean-Luc Mélenchon cherche à imposer à Emmanuel Macron un gouvernement de cohabitation. Comme la gauche plurielle y était parvenue en 1997 avec Lionel Jospin.
« C’est un scénario très improbable. Pour être Premier ministre, il faudrait qu’il y ait une mobilisation très forte, massive, de nombreux électeurs qui ne sont pas allés voter au premier tour. Et qui iraient voter au second tour pour les candidats Nupes », prédit un analyste de la politique française.
« Ce n’est pas impossible, mais il faudrait qu’il y ait un élan qui soit spectaculaire. Avec une difficulté: c’est que le cœur de l’électorat de Jean-Luc Mélenchon et de la Nupes, ce sont les jeunes et les catégories populaires, notamment dans les grandes agglomérations. Or, ce sont aussi les catégories qui s’abstiennent beaucoup. Beaucoup plus que par exemple les retraités, qui ont voté largement pour Emmanuel Macron ». C’est ce que renchérit finement Philippe Corbé, un chroniqueur politique très au fait de la vie politique dans l’Hexagone.
Une consolation quand même et de taille: dans tous les cas de figure, Matignon ou pas, la gauche devrait tout de même s’imposer comme le principal bloc d’opposition au Palais-Bourbon.