Depuis des années, le déficit de la balane commerciale ne cesse de se creuser sans pouvoir trouver de vraies solutions.
Certains pensent que si nous interdisons l’importation de certains produits de luxe, nous allons pouvoir réduire significativement le gap. En réalité, c’est du pur populisme. Notre balance est inflexible. Le contrôle de son déséquilibre reste extrêmement difficile.
Trois casse-têtes
Jusqu’à fin mai 2022, le déficit s’élève déjà à 9 929 MTND, soit 3 988 MTND de plus que l’année dernière. Une aggravation qui risque de s’accroître davantage. Car les facteurs sous-jacents à cette détérioration sont toujours d’actualité.
Il y a la hausse des prix des produits énergétiques et des matières premières. Pour ces deux chapitres, les soldes des échanges étaient respectivement de -3 473 MTND et -3 945 MTND, une tendance inévitable et qui ne peut pas changer d’orientation à court terme. Les prix des contrats du Brent et de la plupart des produits de base livraison trois mois sont toujours à des niveaux record.
Il est quasiment impossible de doper notre production nationale entre temps, surtout en matière de carburant. Ce qui nous oblige à supporter une facture énergétique encore salée.
Idem pour les produits alimentaires dont le solde commercial est de -1 368 MTND. Durant les premiers mois de l’année, il y a eu les exportations de l’huile d’olive qui avait permis d’alléger le gap. Maintenant, nous devons continuer à importer les céréales, y compris pour constituer des réserves car la production nationale est loin d’être suffisante.
La hausse du déficit commercial de ces trois chapitres dépasse de 5% celui global jusqu’à fin mai. Même si nous réduisons les importations des autres produits, cela n’aura pas d’impact sur les chiffres.
En valeur absolue, la contribution de ces trois axes au déficit commercial se monte à 88,5% contre 77,5% sur la même période en 2021. Les 11 points de pourcentage supplémentaires ne sont autres que l’effet de change puisque la majorité de ces produits sont importés en dollars.
Problèmes d’investissement
D’autres part, le déficit causé par les produits de consommation se chiffre à -97 MTND seulement. Le total des importations s’est établi à 6 864 MTND, mais il y a quasiment autant d’exportations.
Ces produits sont écoulés sur les marchés extérieurs car nos frontières sont également ouvertes. Nous dégageons des recettes fiscales importantes, sous la forme de droits de douanes et de de consommation, ainsi que des dizaines de milliers de poste d’emplois industriels. Si nous optons pour une politique protectionniste, les résultats seront contraires.
La décélération actuelle reflète, à notre avis, la hausse des coûts logistiques et de l’appréciation du dollar qui ont poussé certains importateurs à réduire provisoirement leurs activités.
L’autre point inquiétant est la part des produits d’équipement dans les importations, qui ne représentent que 15,1% (1 046 MTND). Ce montant, quasiment stable depuis des années, prouve qu’il y a une crise d’investissement dans le pays.
Concrètement, c’est une industrie moins compétitive, incapable d’augmenter le volume de production et donc moins d’exportations. Rien de rassurant pour les mois à venir.