Les niveaux de consommation de la période pré-pandémique sont encore loin, mais aujourd’hui le contexte en Italie s’est aggravé par la raréfaction des ressources énergétiques, conséquence du conflit russo-ukrainien.
Selon l’Agence nationale italienne pour les nouvelles technologies, l’énergie et le développement économique durable (Enea), la situation générale n’est pas rose. En effet, les émissions de CO2 sont également en croissance (+8%) en raison du recours accru aux sources fossiles (+7%) et de la baisse de l’importation d’électricité (-20,5%) et d’électricité renouvelable (-9,5%), auquel s’ajoute l’effondrement de l’ hydroélectrique (-40%), qui n’est pas compensé par la hausse intéressante de l’éolien et du solaire (+11%) .
L’Ispred, l’indice qui mesure la transition énergétique en Italie, s’en trouve fortement pénalisé, à -29%. « A ces niveaux, explique Francesco Gracceva, le chercheur Enea qui coordonne l’analyse, pour se conformer aux nouveaux objectifs européens, qui visent une réduction de 55% des émissions nettes de l’UE d’ici 2030 par rapport à 1990, il faudra mettre en œuvre une réduction de plus de 100 millions de tonnes de CO2 dans les huit prochaines années ».
Des valeurs qui dépassent la moyenne de la zone euro
En tout état de cause, la consommation d’énergie a moins progressé que le PIB en raison de la baisse de la production industrielle, de la douceur de l’hiver, mais aussi des prix records qui ont contribué à freiner la demande, notamment celle du gaz à usage direct : -8% dans l’industrie, -2 % en civil.
Cependant, la forte reprise des volumes de trafic de passagers et de fret sur la route, qui sont revenus aux niveaux d’avant la pandémie, conduit à une estimation de la croissance de la consommation d’énergie bien supérieure à 2% également au deuxième trimestre. Et ce, avec une prévision de plus de 2 % tout au long du premier semestre.
En effet, ce sont des valeurs qui dépassent la moyenne de la zone euro où la hausse trimestrielle était d’un peu plus de 1 %. Le prix moyen du marché de l’électricité a augmenté. Au premier trimestre 2022, il a dépassé 250 euros/MWh, quatre fois plus élevé que les coûts d’il y a un an. La moyenne du premier semestre restera bien au-dessus de 200 €/MWh, le double par rapport à 2021.
Les prix ont atteint de nouveaux records historiques
De plus, l’écart entre le prix italien et celui des autres principales bourses européennes est reparti à la hausse. En regardant la bourse allemande, l’écart absolu n’avait jamais été aussi élevé, près de 70 €/MWh, alors que l’écart en pourcentage approche les 40%, presque deux fois plus qu’il y a un an.
Les interventions gouvernementales ont atténué l’impact sur les consommateurs, mais les prix ont néanmoins atteint de nouveaux records historiques au cours du trimestre (+55% pour les ménages,+40 % pour les entreprises). Au cours des quatre premiers mois de l’année, ils ont augmenté plus fortement que dans les autres pays de l’UE.
Toujours selon les données d’Enea, la situation ne change pas même en ce qui concerne le gaz naturel, dont les prix à la consommation au premier trimestre s’élevaient à 1,4 euro/ m³ pour les consommateurs, presque le double par rapport à il y a un an.
Malgré la légère baisse du deuxième trimestre, due aux interventions gouvernementales, une hausse de plus de 60% est attendue pour les six premiers mois de l’année. Et ce, par rapport aux pics atteints au premier semestre 2019.