Ni la chaleur de plomb, ni les craintes de « la dictature naissante » et encore moins la propagande et les intimidations orchestrées par les partisans et fervents défenseurs du président de la République Kaïs Saïed n’empêchent la présidente du Parti destourien libre (PDL) Abir Moussi ainsi que ses partisans de protester et se mobiliser pour la défense de l’Etat de droit et crier sur tous les toits « l’illégitimité du référendum du 25 juillet ».
Répondant à l’appel de leur « lionne », les partisans du PDL ont afflué en masse vers la place de Bab Souika pour participer à une marche de protestation. Elle vise, selon eux, à défendre l’Etat de droit. Puis, ils ont déferlé vers la place de la Kasba, en passant par Bab Bnet.
Enfin, la marche est arrivée à son terme à quelques mètres de la Place de la Kasba où siège la présidence du gouvernement. Un choix qui ne doit rien au hasard comme pour rappeler que le gouvernement Bouden demeure sous le feux des critiques du PDL. Comme pour rappeler également que « les négociations du gouvernement avec le Fonds monétaire international sont illégitimes ».
Ainsi, les partisans et affiliés du PDL étaient présents dès 9h30 autour de la fontaine de Bab Souika. Les drapeaux de la Tunisie flottaient au vent. Les accompagnaient des banderoles sur lesquelles étaient écrits des slogans hostiles au président de la République Kaïs Saïed, aux islamistes et au gouvernement Bouden. La foule chantait dans une ambiance festive, tout en attendant l’arrivée d’Abir Moussi. Ses partisans ont donc défié la longue attente de la présidente et la chaleur torride.
A peine arrivait-elle que la foule venait l’acclamer et l’accueillir. La charismatique présidente du PDL ne manquait pas de répondre chaleureusement aux acclamations et à la ferveur de la foule. Force est de constater que les participants à cette manifestation représentent toutes les tranches d’âge. En effet, on y retrouve des jeunes, moins jeunes, hommes, femmes et personnes âgées. Encore un indice qui montre donc que le discours et l’attitude de la présidente du PDL fédère un public varié.
Ensuite, la manifestation s’est lentement dirigée vers place de La Kasba, en empruntant le chemin de Bab Bnet. A noter deux indices marquants: malgré le long parcours et la chaleur torride, la quasi-totalité des manifestants n’a pas abandonné la marche. Témoignant ainsi de son attachement et de sa sympathie à Abir Moussi. En passant devant le Mausolée de Farhat Hached, à quelques mètres de la tribune sur laquelle elle improvisera un discours, les manifestants ont, par des slogans, salué feu Farhat Hached « Oh Hached réveille-toi, ils ont vendu le pays ». En allusion au rôle important de la centrale syndicale.
Quelques minutes plus tard, Abir Moussi accédait à la tribune, difficilement à cause de la foule. Alors que, bien avant que de commencer son discours improvisé, le mégaphone poussait une chanson satirique à l’encontre de Kaïs Saïed et sa politique.
Que retenir du discours de Mme Moussi?
Sans discours préparé à l’avance, elle a improvisé, en dialecte tunisien, dans un message percutant et sans détour. Tout d’abord, elle lance un appel au gouvernement Bouden pour qu’il présente sa démission. Tout en gérant uniquement la préparation des prochaines élections législatives pour rétablir le processus démocratique. Pour elle, cet appel n’a rien à voir avec le souhait du leader du mouvement Ennahdha Rached Ghannouchi qui mise sur la démission du gouvernement Bouden pour qu’il puisse mettre en place un gouvernement de « salut national ».
Abir Moussi: une surprise est prévue dans les prochaines heures
Ensuite, le deuxième appel est adressé à l’Union générale tunisienne du travail (UGTT). Rappelant les liens historiques entre les Destouriens et les syndicalistes, Abir Moussi réaffirme son soutien à l’UGTT. D’ailleurs, elle déclare que son parti sera au pouvoir et qu’elle veut le soutien de l’UGTT. Abir Moussi a, par ailleurs, critiqué « les campagnes de diabolisation » qui visent l’Union générale tunisienne du Travail et menées, selon elle, par « les partisans du président de la République ». Malgré les différends qui nous opposent avec l’Ugtt sur certains dossiers, a-t-elle déclaré, il est important aujourd’hui d’appeler à « resserrer les rangs autour de l’organisation ouvrière ».
Quant aux négociations avec le FMI, Abir Moussi critique sans répit le programme de réformes soumis par le gouvernement au FMI. Pour elle, le programme du gouvernement est irréel vu l’absence de chiffres et d’estimations. Elle rappelle le refus catégorique de son parti de la consultation électronique et du référendum. Car « des milliers de Tunisiens sont contre ». L’objectif du référendum est de « falsifier la volonté du peuple et légitimer le projet politique de Kaïs Saïed ». Cependant, elle révèle que son parti n’a pas encore pris de décision concernant la participation ou non au référendum.
Revenant à la constitution en cours d’élaboration, elle indique que le comité consultatif présidé par le juriste Sadok Belaïd n’est qu’ »un leurre ». La vraie constitution est élaborée dans des « chambres closes »
A la fin de son discours, Madame Moussi affirme que le PDL ne se contentera pas uniquement d’organiser des manifestations et des marches. Elle affirme que le bureau politique du PDL se réunira et qu’une surprise à annoncer est prévue dans les heures qui viennent.