Sommes-nous à l’aube d’une Troisième Guerre mondiale? L’invasion de l’Ukraine semble le confirmer. On assiste ici à l’explosion d’une tension russo-occidentale qui existe depuis des années.
Depuis les années 2000, la Russie demande à l’Otan une réorganisation de l’architecture de la sécurité en Europe, le Kremlin reprochant à l’Otan de s’étendre vers l’Est. Sauf que ces demandes sont restées lettre morte. L’Ukraine s’est tournée vers l’Ouest. Elle a demandé son adhésion à l’Otan et à l’UE. Aujourd’hui, l’objectif de Moscou est de remplacer le régime ukrainien par un gouvernement pro-russe, tourné vers l’Est.
La guerre est aux portes de l’Europe
Le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, a mis en garde, lundi 25 avril, contre une troisième guerre mondiale. Sa menace a été prise très au sérieux par les États-Unis, qui ont réuni récemment une quarantaine de pays en Allemagne pour armer davantage l’Ukraine.
L’affrontement nucléaire annoncé par le président Poutine serait-il à l’ordre du jour ? La lecture de Raymond Aron est irréfutable, vu l’apparition des armes de « destruction mutuelle assurée ». Il l’explique :
« L’équilibre de la dissuasion est assuré quand chacun des détenteurs a la même capacité que son rival de dissuader par une agression directe ou provocation extrême ». Ce qui signifie, en premier lieu, que « la nature des armes (leur capacité de survivre à une première frappe et de pénétrer les défenses de l’adversaire) importe davantage qu’une égalité comptable ». En second lieu, que « la dissuasion étant une relation entre deux volontés, l’équilibre de la dissuasion est un équilibre psychotechnique ».
Les USA et l’Europe soutiennent l’Ukraine. Ils effectuent son réarmement. La visite le 16 juin de quatre dirigeants en Ukraine : le président français, Emmanuel Macron, le chancelier allemand, Olaf Scholz, le chef du gouvernement italien, Mario Draghi et le président roumain, Klaus Iohannis, confirment ce soutien. Mais aucun des pays ne s’implique dans la guerre.
Pression et menace continues
Néanmoins, la crise actuelle remet à l’ordre du jour la guerre froide. En prenant l’Ukraine, Moscou va vouloir équilibrer les forces, puisque la Pologne et les pays baltes ont des infrastructures militaires.
La Russie va construire des bases militaires au Belarus et des équipements pourront être déployés sur le sol biélorusse, dont l’arme nucléaire. Ceci devrait se faire dans quelques mois. Nous pourrions revenir à la guerre froide, comme on l’a connue, avec pression et menace continues.
Est-ce que la Russie va être isolée, aussi bien diplomatiquement qu’économiquement ? La logique des blocs semble s’être mise en place, avec le tandem Chine-Russie notamment.
Enfin, avec la prise de l’Ukraine, il va y avoir une fuite de la population. Vers la Pologne, qui accueille déjà beaucoup d’Ukrainiens, vers la France, d’autres pays de l’UE, vers le Canada, qui compte une grande diaspora ukrainienne et vers les États-Unis, qui devraient faciliter leur venue sur le territoire américain. Peut-on nier l’influence de la guerre de l’Ukraine sur la Russie ? L’analyste André Markowicz se pose la question :
« Et si l’Ukraine libérait la Russie ? Je veux dire, si l’électrochoc provoqué par le désastre ukrainien arrivait, en Russie, à réveiller les consciences et à changer l’histoire russe ? » (Et si l’Ukraine libérait la Russie, Paris, Le Seuil, 2022).