Après l’Italie, l’Allemagne, les Pays-Bas et l’Autriche rouvrent également les centrales à charbon pour faire face au chantage du Kremlin au gaz. Mais pour l’instant, il faut aussi compter sur les mines russes, car jusqu’en août, ils l’achèteront à Poutine.
Au début de la guerre en Ukraine, l’Italie avait pris les devants en redémarrant ses centrales au charbon. Si bien que le premier trimestre 2022 a enregistré un bond de 25% de la production de ces usines. Entraînant par là même une augmentation de 8% des émissions de CO2. Un exemple qui sera désormais suivi par d’autres pays européens. D’abord l’Allemagne, puis l’Autriche et les Pays-Bas ont annoncé prochainement qu’ils relanceraient la production d’électricité à partir du charbon.
C’est un choix « douloureux » mais inévitable. Ainsi admet le ministre allemand de l’Economie Robert Habeck, l’un des chefs de file des Verts européens; et ce, en présentant le plan allemand. Sachant que le géant russe Gazprom a commencé à réduire les flux le long de Nord Stream 1. En se plaignant d’abord de problèmes techniques, puis accusant les sanctions de l’UE.
En outre, l’Autriche, d’où part le gazoduc russe qui alimente l’Italie, a le même problème. Alors le gouvernement de Vienne a convenu avec la compagnie d’énergie Verbund de convertir une centrale électrique au gaz au charbon; et ce, si le pays devait faire face à une urgence. Tandis que les Pays-Bas ont annoncé la suppression des limites à la production des centrales électriques au charbon, activant la phase « d’alerte précoce ».
Car, sans de telles mesures, selon Habeck, « nous courons le risque que les installations de stockage ne soient pas suffisamment remplies à la fin de l’année; et ce, compte tenu de la saison hivernale ». C’est ce que déclare le ministre allemand.
Le modèle, selon les analystes, est en réalité la Pologne. En effet, le gouvernement de Varsovie a depuis des mois mis en veilleuse ses plans de décarbonation. Le pays étant de loin le plus gros producteur d’électricité au charbon et a déjà rempli ses réserves de gaz à 97%. Berlin et Rome sont pour l’instant à un peu plus de 55%, les Pays-Bas à 48% et l’Autriche à 41%.
Choix cornélien
Mais le paradoxe de cette situation est que, pour contrecarrer la réduction du gaz de Moscou, l’UE devra s’approvisionner en charbon de la Russie elle-même, jusqu’en août selon les données actuelles. En mars dernier, au plus fort de la guerre, les pays européens ont acheté 7,1 millions de tonnes de charbon de l’étranger, dont 3,5 millions de mines russes. Soit près de la moitié et une augmentation de 40% par rapport à mars 2021.
Selon le Centre de recherche sur l’énergie et l’air pur (Crea), au cours des 100 premiers jours du conflit en Ukraine, les États de l’UE ont dépensé 1,6 milliard d’euros. Et ce, pour s’approvisionner depuis Moscou. Et les plus gros acheteurs étaient, dans l’ordre, les Pays-Bas, l’Allemagne, la Pologne et l’Italie.