Quelques semaines auparavant, nous avons expliqué les raisons pour lesquelles les prix du brent ne baissent pas en dépit de la hausse de la production par les saoudiens et leurs alliés.
Aujourd’hui, la tendance a changé. Le Brent est passé sous la barre des 110 dollars. Qu’est ce qui a changé entre temps ?
Trois raisons
Trois facteurs expliquent le recul des prix dans un marché toujours tendu : la Fed, les incertitudes de la demande chinoise et la politique de l’OPEP+.
Les autorités monétaires américaines ont choisi de s’attaquer à l’inflation, même au risque de faire basculer l’économie dans une récession. C’est ce qui se répercute sur le prix du pétrole. Il serait difficile de parvenir à un atterrissage en douceur. Un resserrement de la politique monétaire en l’absence de circonstances économiques graves est quasiment impossible.
Les perspectives de la demande de la Chine, le plus grand consommateur de pétrole au monde, sont également incertaines. Pékin a lentement rouvert certaines parties du pays qui avaient été récemment verrouillées en raison de pics de cas de COVID-19.
La vitesse avec laquelle les entreprises chinoises pourront rebondir après ces restrictions de l’activité économique est un point d’interrogation. L’ampleur de la reprise et de la réouverture aura un impact sur la demande de pétrole, mais cette incertitude a empêché le prix du pétrole d’augmenter.
Côté offre, il y a de plus en plus de confiance que l’OPEP+ passera alors à une approche plus libérale en matière de production. Elle permettra aux quelques membres disposant d’une capacité de réserve de produire davantage. Cela pourrait aussi faire retomber les prix du Brent d’ici la fin de l’année, tout en étant toujours aux alentours de 100 dollars.
Impact direct sur la Tunisie
Pour la Tunisie, de tels prix devraient poser un vrai problème. Si nous allons terminer l’année à un tel niveau, c’est que nous allons avoir une Loi de Finances 2023 très compliquée.
Pour rappel, selon les chiffres du Ministère des Finances, un baril à 100 dollars signifie un coût réel d’un litre d’essence à 3,325 TND et d’un litre de gasoil à 2,754 TND. Vous pouvez imaginer où pourraient aller les prix à la pompe si la stratégie de réduction de la compensation continue.
Les pressions inflationnistes se poursuivraient. Les taux d’intérêt ne baisseront pas. L’accès au financement restera donc l’un des freins à la reprise dans un climat social tendu.
Concrètement, le recul des prix n’aura pas d’effet positif par rapport à cette année. Car nous avons construit un budget 2022 sur des hypothèses qui sont rapidement devenues caduques. Il faudra trouver plus de ressources pour éviter l’élargissement du déficit. Ce qui signifie plus de pressions fiscales.
Le cercle vicieux actuel ne sera pas brisé que par des mesures chocs, qui libèrent l’économie, ne soient pas prises. Qui les prendra ? Personne ne sait car avant tout, il faudra attendre ce qui le 25 juillet 2022 va nous révéler. A la lumière de ce qui va se passer, nous allons pouvoir construire des scénarii.