Plus de 2 ans de lutte acharnée contre la pandémie de Covid-19, qui n’a, jusqu’à présent, pas mis fin à cette maladie et voilà qu’une autre menace plane sur l’ensemble des pays du monde. Une maladie qui rappelle une période sombre qu’a connue l’Humanité, peu connue du grand public, émerge de nouveau. La « variole du singe », une maladie virale qui est endémique dans plusieurs pays d’Afrique subsaharienne et qui, comme son nom l’indique, touche les animaux, se propage dans le monde à une vitesse inquiétante.
Plus de 4 décennies après l’annonce de l’éradication de la variole humaine, une autre forme de variole refait surface dans le monde et fait craindre la survenue d’une épidémie mondiale. Face à cette situation inédite, l’Organisation mondiale de la santé a déclaré que son comité d’urgence se réunira jeudi 23 juin pour déterminer si l’épidémie de variole du singe représente une urgence de santé publique de portée internationale. Il s’agit du plus haut niveau d’alerte émis par l’agence sanitaire des Nations unies, qui ne s’applique actuellement qu’à la pandémie de Covid-19 et à la polio.
« L’épidémie mondiale de variole du singe est inhabituelle et préoccupante. C’est pourquoi j’ai décidé de convoquer le comité d’urgence en vertu du règlement sanitaire international pour évaluer si cette flambée représente une urgence de santé publique de portée internationale », a déclaré lors d’une conférence de presse régulière de l’OMS, le directeur général de l’organisation, Tedros Adhanom Ghebreyesus. L’annonce a été faite suite à la propagation de la maladie dans 40 pays différents du monde, où l’on décompte plus de 1500 cas confirmés et presque autant de cas suspects. Jusqu’à présent, la nouvelle maladie a engendré 72 décès, à la date du 16 juin 2022, dans les pays où la maladie est endémique.
Au centre de l’attention de l’organisation onusienne, l’Europe, qui concentre l’écrasante majorité des cas, soit 85% du total mondial des personnes nouvellement infectées. L’heure est donc à la mise en œuvre de mesures pour contenir la propagation de cette maladie, la vaccination de masse n’ayant pas sa place à l’heure actuelle. L’OMS estime par ailleurs que l’utilisation « judicieuse des vaccins » peut contribuer à la réponse face à la maladie. « Il est essentiel que les vaccins soient disponibles de manière équitable partout où cela est nécessaire », a insisté le Dr Tedros, relevant que l’approvisionnement en vaccins est limité. L’organisation onusienne a tenu à rappeler que même les vaccins contre la variole permettaient d’offrir une protection contre cette maladie. Il n’en est pas moins vrai que les données cliniques restent insuffisantes et que les quantités de vaccins sont limitées.
Application de mesures de prévention
Elle préconise l’application de mesures de prévention qui reposent sur la détection des cas, la recherche des cas contacts et leur isolement, et la mise sous traitement. Dans ce contexte bien particulier, l’Union européenne a déclaré avoir signé un accord avec le groupe danois Bavarian Nordic pour la fourniture d’environ 110 000 doses de vaccins contre la variole du singe. La ruée vers les vaccins commence, et ce n’est pas sans rappeler ce qui s’est passé avec la Covid-19. L’émergence de maladies qui touchent principalement les animaux doit amener à se poser les bonnes questions. Si la variole du singe se trouvait autrefois avec des cas sporadiques, sa recrudescence est sans aucun doute liée à des facteurs environnementaux qui favorisent la libre circulation de ce genre de virus.
Encore un signal fort de la nature pour souligner l’urgence de garder intacts les habitats naturels des espèces animales sauvages. Chacune des espèces garde ses particularités, notamment en cas de maladie.
(Cet article a été publié dans le numéro 847 de L’Economiste Maghrébin du 22 juin au 6 juillet 2022- Disponible dans les kiosques).