Bruxelles, jeudi 22 juin. L’Union européenne entérine la candidature de l’Ukraine, sur fond de bruits de bottes de guerre. Une étape symbolique qui vise beaucoup moins à garantir l’adhésion à l’UE de l’Ukraine qu’à adresser un message provocateur à la Russie.
Alpes bavaroises dans le sud de l’Allemagne, lundi 27 juin. Le G7, représenté par les chefs d’Etat et de gouvernement des sept pays « les plus industrialisés », souligne l’unité de ses membres face à la Russie. Ainsi que leur « engagement à soutenir l’Ukraine financièrement, militairement et diplomatiquement aussi longtemps qu’il faudra ». Et ce, dans la guerre contre la Russe.
Madrid 28, 29 et 30 juin. Les dirigeants des pays membres de l’OTAN se réunissent dans la capitale espagnole pour définir « les orientations stratégiques de l’Alliance pour la prochaine décennie ». Et ce, à la lumière des « dangers » que posent selon eux la Russie et la Chine.
Cette intense activité politique et diplomatique de l’Occident va de pair avec des succès militaires substantiels sur le terrain réalisés par la Russie. En dépit des aides financières et militaires faramineuses euro-américaines à l’Ukraine.
Il y a une grande frustration qui se répand dans les classes dirigeantes euro-américaines. Du fait que ni les sanctions sans précédent dans l’histoire, ni les milliards de dollars et les tonnes d’armements que reçoit régulièrement l’Ukraine n’ont affecté la Russie. Puisqu’en effet, elle a pratiquement terminé « la libération » du Donbass.
Fuite en avant du trio Washington-Bruxelles-OTAN
Cette frustration est lisible et visible dans l’attitude de fuite en avant adoptée par le trio Washington-Bruxelles-OTAN. En dépit des grandes destructions et des pertes humaines subies par l’Ukraine, ce trio exclut obstinément toute solution diplomatique. En optant pour la poursuite de la guerre.
Cette frustration est visible et lisible aussi dans la poursuite sur la voie des sanctions qui affectent plus leur initiateur que leur cible. La dernière de ces sanctions est l’interdiction d’importer l’or russe. Une décision dont se gausse les Russes.
L’économie russe résiste à toutes les sanctions? Les caisses russes, grâce à la flambée des prix du pétrole et du gaz, n’ont jamais été aussi pleines? Qu’à cela ne tienne. On chargera les médias de service d’annoncer au monde que « la Russie, pour la première fois depuis un siècle, n’arrive pas à honorer ses dettes » !!!
Mais les médias de service se garderont de dire qu’il y a une fortune russe évaluée à 300 milliards de dollars gelée dans les banques occidentales. Et qu’en dépit de ce gel, la Russie assure qu’elle honore régulièrement ses engagements financiers.
La frustration devient panique
La frustration occidentale devient panique. Et ce, quand Washington, Londres, Berlin et les autres ont écouté le discours du président russe au dernier forum économique international de Saint Pétersbourg qui s’est tenu du 15 au 18 juin. « La Russie, a affirmé Poutine, redirige activement ses flux commerciaux et ses contacts économiques extérieurs vers des partenaires internationaux fiables; avant tout les pays BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du sud). Et au-delà du commerce, il existe des opportunités monétaires pour dé-dollariser nos échanges commerciaux. Avec les partenaires BRICS, nous développons des mécanismes alternatifs fiables pour les règlements internationaux. Nous explorons la possibilité de créer une monnaie de réserve internationale basée sur un panier de devises BRICS. »
Après un tel discours, comment s’étonner de l’acharnement occidental de poursuivre la guerre jusqu’au dernier Ukrainien dans l’espoir illusoire de voir la Russie à genoux, son économie détruite et son président aux abois? Comment s’étonner des manœuvres en cours visant à faire exploser l’Alliance BRICS?
Le chancelier allemand Olaf Sholz est allé en personne en Afrique du sud pour inviter le président Cyril Ramaphosa au sommet du G7. Il n’était pas le seul invité. Le chef du gouvernement indien Narendra Modi assistait lui aussi au sommet. Deux membres du BRICS que l’Occident tente de séduire dans l’espoir de les convaincre de renoncer à leur alliance économique avec la Russie et la Chine.
Dans sa détermination à « effriter le mortier des BRICS », selon la formule imagée de Patrick Bond, professeur de sociologie à l’université de Johannesburg, l’Occident dispose d’une carte importante. A savoir, les différends frontaliers sino-indiens dans l’Himalaya qu’il tente d’envenimer.
Cette fuite en avant de l’Occident, sa propension pour les manœuvres destructrices et son mépris arrogant pour la diplomatie et le dialogue constructeur met l’humanité face au danger, désormais de plus en plus réel, d’une guerre nucléaire.
Selon le mensuel de vulgarisation scientifique Scientific American, un tel conflit, s’il se déclenchait, pourrait faire 90 millions de morts dans les premières heures…
Et tout cela pourquoi? Parce que l’ancien président Barack Obama a jugé sage et intelligent d’impliquer ses services de renseignements et son ministère des Affaires étrangères dans le coup d’état en Ukraine en février 2014. Parce que l’actuel président Joe Biden a jugé sage et intelligent de traiter par le mépris les demandes légitimes de Poutine de garanties de sécurité face aux « aboiements de l’OTAN aux portes de la Russie », selon la formule imagée du pape François. Enfin, parce que les dirigeants européens jugent toujours sage et intelligent de se comporter en moutons de Panurge, obéissant au doigt et à l’œil au berger yankee.