Donnée quasiment sans aucune chance face l’archi-favorite, la Polonaise Iga Swiatek, incontestable numéro 1 mondiale, Ons Jabeur a tous les atouts pour détromper les pronostics. Et remporter enfin un tournoi de Grand Chelem. Analyse.
Que Dieu soit loué. Ons Jabeur a fini par vaincre le signe indien. Contrairement à sa malencontreuse entame du tournoi de Roland-Garros. Où, à la surprise générale et alors qu’elle comptait parmi les favorites, elle s’inclinait en match d’ouverture. Et ce, devant la modeste polonaise Magda Linette, 67e mondiale. En effet, Ons Jabeur ouvre le bal du tournoi londonien sur les chapeaux de roues.
Ons Jabeur telle un rouleau compresseur
Autre lieu, autre temps. Auréolée de son nouveau statut de deuxième mondiale, et pour l’entrée en matière au tournoi de Wimbledon, la Tunisienne ne faisait qu’une bouchée de son adversaire Mirjam Bjorklund (125e). Et ce, sur le score sans appel de deux sets à zéro.
En effet, impériale et au somment de son art, elle a écrasé la Suédoise hier lundi durant le premier set (6-1). Pour lui porter le coup de grâce au second set (6-3).
Pour les 32e de finale, Ons Jabeur rencontrera la Polonaise Katarzyna Kawa (132e).
Ainsi, la native de Ksar Helal, qui avait atteint les quarts de finale à Wimbledon l’année dernière, entame sous les meilleurs auspices ce tournoi mythique, le plus ancien au monde. Un rendez-vous crucial pour celle qui est passée à côté du tournoi parisien et qui ambitionne à 27 ans de remporter un Grand Chelem.
Ons Jabeur : « Je veux devenir première mondiale »
Ainsi, dans une déclaration accordée jeudi 23 juin 2022 à Mosaïque FM, elle soutient avoir préféré se retirer du tournoi d’Eastbourne. Et ce, pour ménager son genou blessé et être ainsi prête à 100% pour Wimbledon.
« Je veux devenir première mondiale, un objectif d’enfance que j’espère réaliser un jour. Alors, je vais me préparer pour Wimbledon sans me mettre la pression, jouer match par match. Je suis fière de représenter la Tunisie ». C’est encore ce que déclare nôtre icône nationale.
Déjà en décembre 2020, une éternité, elle affirmait à ceux qui voulaient bien l’entendre: « Je sais que j’ai ma place dans le top 10. C’est le palier que j’essaie d’atteindre. Je veux être n°1 mondiale et gagner des Grands Chelems ».
Alors, que de chemin parcouru depuis cette date. Puisque 2e mondiale, elle est parvenue à détrôner la Sud-Africaine Amanda Coetzer qui s’était classée 3e mondiale en 1997. En réalisant le meilleur classement pour une joueuse africaine et arabe. Cela donne du tournis… et du vertige.
Avec Serena Williams, le duo parfait
Notons par ailleurs, qu’après son titre remporté haut la main à Berlin, Ons s’est essayée au double à Easbourne, tournoi préparatoire à Wimbledon. Et ce, à la demande de la légende du tennis mondial féminin, Serena Williams. Le terrible duo a atteint les demi-finales. Avant que la Tunisienne ne déclare forfait pour un petit bobo au genou qui nécessitait un temps de repos. Au grand regret des spectateurs londoniens.
« Jouer avec Serena Williams en double à Eastbourne la semaine dernière a été une expérience incroyable et qui me donne une confiance supplémentaire. Alors que je fais de mon mieux pour remporter mon premier titre du Grand Chelem à Wimbledon », déclarait-elle encore.
Réponse de la légende américaine: « Je dirais qu’Ons est une des personnes que je préfère sur le circuit. Honnêtement, elle fait tomber des barrières. C’est la première femme dans son pays à faire ce qu’elle fait. Vous allez voir qu’une nouvelle génération de femmes va se mettre au tennis dans le Maghreb. Et ce sera grâce à elle. Elle inspire tant de personnes, moi la première. Elle se donne à 100% à chaque fois sur le court, se comporte de telle manière que les gens la respectent ». Quel hommage rendu à notre championne par l’aînée des Williams!
Yes we can !
Mais, il faut raison garder: Ons Jabeur, tête de série numéro 3 et désormais 2ème au classement WTA, a-t-elle la moindre chance de soulever enfin le trophée? Et ce, au nez et à la barbe de l’ogresse polonaise Iga Swiatek, incontestable numéro 1 mondiale, invincible en 35 rencontres depuis février dernier et archi favorite à Wimbledon?
Ce serait un miracle eu égard à son jeune âge, à peine 21 ans, sa robustesse physique, son jeu complet, son adresse époustouflante et sa mentalité d’acier trempée. Mais ne vous y trompez pas, Ons Jabeur laquelle est surveillée de près par sa rivale polonaise, sait qu’à 27 ans son heure est venue pour remporter enfin son premier titre de Grand Chelem.
Ses atouts? Du courage à en revendre, une revanche à prendre sur elle-même, la confiance acquise au bout d’une année exemplaire. Et surtout sa stabilité mentale depuis qu’elle a bénéficié de l’aide d’une psychologue du sport, Mélanie Maillard, pour mieux gérer les moments cruciaux d’un match.
Sans omettre que considérée comme l’une des meilleures joueuses au monde sur l’herbe, elle pratique un tennis atypique et malicieux à la Tunisienne: un puissant service; des coups déroutants sur gazon; de l’agressivité avec son coup droit; un changement de rythme avec son slice; une montée rapide au filet; et surtout l’art consommé de l’amortie. Bref, à elle de démontrer que l’impossible n’est pas tunisien et que le trophée londonien est au bout de sa raquette.