La manière dont on évoque souvent la séance unique dans les structures du service public n’est pas peut-être la bonne. Il va sans dire que la séance unique ne sert pas l’économie. Mais, l’Etat a-t-il créé les moyens de l’abandonner et s’arrêter sur le vécu de ses ministères et autres entreprises ?
C’est un véritable serpent de mer. Il apparaît en cette période de l’année pour nous rappeler qu’il y a peut-être lieu d’abandonner cette séance unique. Avec souvent des arguments en béton : la séance unique ne fait que priver le pays de centaines d’heures de travail bien utiles à son développement et que cette pratique, héritée de la période coloniale, ne peut avoir sa place à l’heure où dans de nombreuses capitales en Méditerranée et ailleurs les employés travaillent toute la journée alors qu’il fait aussi chaud !
De toute manière de nombreuses entreprises et pas seulement étrangères installées dans notre pays ont abandonné la séance unique. Leurs employés ne partent pas à 14 H 30 ou encore à 13 H 00, mais bien plus tard : vers 14 H 30 et même 17 H00. Ces entreprises se sont adaptées à leur nouveau vécu et ne se portent pas plus mal.
Festivals et autres lieux d’animation
Il faut dire que travailler la moitié de la journée n’est pas bon pour l’économie. D’autant plus – et cela est bien connu- les mois de juillet et d’août n’incitent pas beaucoup au rendement. Avec les veillées nocturnes pour se rendre aux mariages ou encore aux festivals et autres lieux d’animation. Et ce n’est pas donc dans la joie que l’on retrouve demain le bureau.
Il faut dire aussi que la fin de la séance unique dans certaines institutions publiques (14 H 30) est bien en deçà de ce qui est annoncé : on arrête le travail vers même 13 H 00. Des employés ne feraient pas plus de ce fait que cinq heures de travail. Et lorsqu’on compte les « pertes de temps » lorsqu’on s’éternise à répondre au téléphone ou on va chercher le café du matin, on se rend compte du manque à gagner.
Là peuvent s’arrêter cependant les critiques. Car, lorsqu’on s’inquiète de ce vécu que des responsables insistent pour abandonner, on n’a pas assez d’empathie pour juger de tout l’intérêt qu’ont nos structures publiques à bien regarder tout l’environnement du travail pendant la période de l’été marquée par la canicule. A commencer par le minimum de bonnes conditions de travail à mettre en place afin que les employés acceptent notamment l’idée de partir un jour plus tard.
Défaillance du transport public
Dans de nombreux secteurs de la fonction publique et des entreprises publiques, les employés ne disposent pas de salles de repos suffisantes. Comme il n’existe pas de buvettes offrant des collations de qualité. Comme il n’existe pas du tout de restaurant d’entreprise. Pour ne pas parler de climatisation défaillante ou encore de locaux lugubres. Pour ne pas parler aussi des conditions du transport public !
Il y a lieu de se poser, en partant de là, ce type de questions. La fonction publique a aujourd’hui assez de moyens et d’expérience pour mener une étude à travers ses groupes de travail afin de trouver des solutions qui vont dans le sens de ce qu’on pourrait appeler un renversement de la vapeur. Une approche qui se doit de penser aux voies de la communication avec le personnel. Les employés doivent être convaincus des mutations nécessaires à ce niveau. Car, on n’a rien, comme dit le proverbe, sans rien.