La principale centrale syndicale du pays, l’UGTT, a laissé ses adhérents libres de voter par oui ou par non au referendum du 25 juillet 2022. Une attitude bien sage pour au moins deux raisons.
La prise de position de l’Union générale Tunisienne du Travail (UGTT) était attendue. Certains espéraient même que la principale centrale syndicale ne cautionne pas le texte de la constitution présenté, le 30 juin 2022, par le président Kaïs Saïed. Et appelle même à voter contre un texte que les dirigeants de cette organisation n’ont pas manqué de critiquer amplement.
Certains basaient ce qui semblerait être une attente sur le fait que le torchon brûle entre l’UGTT et Kaïs SaÏed qui a manifesté comme un certain désintérêt pour un acteur dominant de la scène publique. En témoigne le silence du premier magistrat du pays à l’endroit des revendications de l’UGTT et de la grève qui a été déclenchée le 16 juin 2022. Comme du reste l’annonce d’une seconde grève décidée et dans la fonction publique et dans le tissu des entreprises publiques.
C’était du reste bien méconnaître l’UGTT comme ne pas avoir étudié assez les réactions passées de la principale centrale syndicale. En effet, aussi bien en 2011 qu’en 2019, l’UGTT n’a pas pris position lors des législatives ou de la présidentielle.
Un soutien critique
A cela, il y a évidemment au moins deux explications. La première est sans doute celle qui consiste dans une approche qui veut que l’UGTT se veut au-dessus de la mêlée. Elle ne peut par cette attitude que mieux se positionner comme un acteur au-dessus de tout soupçon. Ainsi capable le jour J, de jouer un rôle apprécié tant aux yeux des acteurs nationaux qu’internationaux.
Alors, pourquoi avoir donc critiqué le texte constitutionnel et avoir mis en exergue le concernant les travers et failles que nombre d’acteurs n’ont cessé du reste de formuler. En fait, l’un ne peut l’empêcher l’autre. Le parcours militant de l’UGTT montre bien qu’elle s’est toujours tenue à un soutien critique. Même lorsqu’elle l’UGTT était dans les arcanes du pouvoir.
A cet égard, le parcours de l’un de ses brillants militants, Ahmed Tlili, qui était trésorier du Parti Socialiste Destourien (PSD), nous renseigne sur cette approche inscrite dès le début dans l’ADN, pour ainsi dire, de l’UGTT. On se souvient de ses prises de position courageuses, en juillet 1965, en faveur de la démocratise et du respect des droits de l’Homme; et ceci au plus fort de la présidence de Habib Bourguiba. Et de sa fameuse « Lettre à Bourguiba ».
Deuxième raison qui explique la réaction de l’UGTT: la centrale syndicale est véritablement – et ce n’est pas un slogan- réceptacle de bien des courants de pensées. Longtemps– et on l’oublie- la centrale syndicale a accueilli bien des militants des droits de l’Homme qui y trouvait refuge dans la « Maison UGTT ».
Comment dans ce cas aller dans un sens ou dans un autre. La décision a été sans doute bien sage. Elle est du reste le fruit d’un long débat qui aura, le 2 juillet 2022, duré près de six heures.