Le vice-président du Groupe BM pour la région MENA était l’invité d’honneur de l’Institut tunisien des administrateurs. Il devait prononcer l’allocution d’ouverture du colloque annuel de l’Institut, avant de se distinguer, le lendemain, au cours de la 20ème édition du Forum de l’investissement de Tunisie -TIF 2022 (23 et 24 juin 2022). Ce fut l’occasion, pour lui, de livrer, face à un cénacle de dirigeants rompus au gouvernement d’entreprise, un message essentiel : si la Tunisie a de réelles potentialités, si elle peut compter sur nombre de partenaires et de bonnes volontés, il y a lieu de se mobiliser pour aller dans le sens qu’il faut pour attirer les flux de capitaux, en empruntant les voies qui favorisent la compétitivité et la transparence.
« Aide-toi, le Ciel t’aidera ». Intervenant lors de la 20ème édition du Forum de l’investissement de Tunisie – TIF 2022 (23 et 24 juin 2022), Férid Belhaj, vice-président de la Banque mondiale, a tenu ce langage à l’endroit de pays, comme la Tunisie, qui ambitionnent de se trouver dans les radars des investisseurs internationaux.
Renouvelant, à l’occasion, le soutien de la BM à la Tunisie dans ses efforts en vue d’attirer les investissements, il a cependant transmis quelques messages qui indiquent la voie à suivre. A commencer par la lutte sans merci contre l’économie de rente. En somme, il s’agit d’ouvrir les portes à l’initiative privée, que rien- absolument rien – ne doit brimer.
Il a insisté, dans ce cadre précis, sur l’importance de la transparence qui n’est pas toujours bien « ancrée ». Quitte à obliger ceux qui la refusent à respecter les règles du jeu que tout le monde se doit d’adopter. Il a, par ailleurs, souligné l’impérieuse nécessité de créer, pour les besoins de la cause, un Conseil supérieur de la concurrence.
Ainsi en est-il des sanctions en cas d’abus de position dominante ou de toute situation de rente. La compétitivité est souvent à ce prix.
Décoller, aux yeux des investisseurs étrangers
La transparence ne peut, a-t-il assuré, que favoriser l’attractivité. Selon lui, les deux pays de la région MENA, région dont il a la charge, qui sont dans ce schéma, sont le Maroc et l’Egypte. La place donnée à la transparence et à la compétitivité sont, pour lui, l’aimant qui aide à attirer les investisseurs étrangers dans un pays comme la Tunisie.
M. Férid Belhaj n’a pas manqué de mettre en évidence l’importance d’un regard critique sur le vécu des pays de la région MENA à ce niveau précis. Car, si l’on n’essaye pas de sortir de la situation actuelle, il sera difficile d’aller au-delà des quelques points de croissance que des pays comme la Tunisie sont en train de réaliser et qui ne peuvent la mener bien loin.
En clair, le chômage sera toujours là, et le pays, aux yeux des investisseurs étrangers, ne décollera pas. Il a signalé, par ailleurs, que certes, de longs débats ont mis en exergue, ces derniers mois, la place que pourraient prendre des pays de la région du sud de la Méditerranée, en raison de la volonté de quelques opérateurs, proximité oblige, de délocaliser des projets de la région de l’Asie du Sud-est.
Cependant, il a affirmé que seuls deux pays, toujours les mêmes, le Maroc et l’Egypte, sont en train de travailler pour profiter de cette nouvelle situation. Il n’a pas caché que si la Tunisie a de réelles potentialités, qu’elle peut compter sur nombre de partenaires et de bonnes volontés, il y a lieu aussi de se mobiliser pour aller dans le sens qu’il faut pour attirer les flux de capitaux.
Le secteur privé, moteur de la croissance
Il n’a pas non plus dissimulé ses craintes, si rien n’est entrepris, de voir une implosion sociale. Une projection réalisée pour l’horizon 2050 nous indique, précise Férid Belhaj, que 300 millions de jeunes frapperont à la porte du marché de l’emploi. Les défis sont, pour ainsi dire, bien grands. Et seul le secteur privé, moteur de la croissance, peut favoriser les mutations souhaitées en matière de développement et d’emploi. « Compter sur le secteur public est une erreur », a-t-il martelé.
Et le vice-président de la BM d’indiquer que le célèbre industriel américain, Henry Ford, n’a cessé de dire: « Les entreprises qui ne créent pas de richesses et ne font pas de profit finissent par mourir et celles qui ne sont là que pour faire de l’argent meurent aussi ». Une formule utilisée par l’orateur pour dire qu’il y a des dimensions sociales, environnementales et relatives à l’éthique de la transparence à prendre en compte dans la conduite des entreprises.