« Je suis né sur cette terre et j’y mourrai. Et d’après les éléments préliminaires, il semble que je vais être arrêté ». C’est ce qu’aurait affirmé, avec fatalité, Rached Ghannouchi à son « ami » Ahmed Néjib Chebbi. Et ce, lors d’une récente rencontre entre les deux hommes. De l’art de se poser en victime, surtout devant l’autel des chancelleries occidentales.
Il est cité dans plusieurs affaires notamment Instalingo, Namaa Tounes et celle de l’appareil sécuritaire d’Ennahdha. Alors, le leader historique du mouvement islamiste d’Ennahdha, Rached Ghannouchi, sera-t-il arrêté et incarcéré? Et ce, à l’issue de son audition par le juge d’instruction du Pôle judiciaire de lutte contre le terrorisme le 19 juillet prochain?
Fausse résignation
C’est du moins le sentiment de l’intéressé. En effet, ce dernier, tout en niant tout lien avec l’association Namaa Tounes ou l’affaire Instalingo, s’attend à être arrêté. « Je suis né sur cette terre et j’y mourrai. Et d’après les éléments préliminaires, il semble que je vais être arrêté ». C’est ce qu’aurait-il avoué à Ahmed Nejib Chebbi, lors d’une récente rencontre entre les deux hommes.
Rached Ghannouchi « ciblé par le pouvoir »
Ainsi, M. Chebbi a accusé le pouvoir de « cibler » le président du Parlement dissous, Rached Ghannouchi. Il s’exprimait lors d’une conférence de presse organisée hier lundi 11 juillet 2022 par le Front national du Salut. Sachant déjà que celui-ci est interdit de voyage par la justice. Et ce, dans le cadre des enquêtes relatives aux deux affaires citées. Dans lesquelles plusieurs de ses proches, notamment son fils et son gendre sont également impliqués. Mais aussi l’ancien Premier ministre, Hamadi Jebali, impliqué dans l’affaire de l’association Namaa Tounes. D’ailleurs, il fut auditionné puis relâché pour des raisons de santé.
Chebbi : « Des affaires purement politiques »
« Le pays est à l’orée d’une situation de liquidations politiques et de compromission des libertés publiques, de la part d’un régime qui détient tous les pouvoirs ». C’est aussi ce que déplore M. Chebbi.
« On s’apprête maintenant à une campagne de répression de la part des autorités contre les hommes et les femmes de première ligne de l’action politique et sociale dans le pays ». Ainsi, ajoute encore Ahmed Néjib Chebbi. Il estime donc que ces affaires sont « purement politiques ». Elles visent « à réprimer les détracteurs du président de la République, Kaïs Saïed », poursuit-il.
« Ne restez pas silencieux pour éviter la catastrophe! Opposez-vous à l’instrumentalisation de la justice et des institutions de l’Etat dans des tiraillements politiques! », s’est écrié le tribun.
Dilou : « Le Plan B de Kaïs Saïed»
Prenant la parole dans la même conférence de presse, Samir Dilou, laisse entendre pour sa part « que des décisions vont être prises dans les prochains jours. Et ce, contre des personnalités de premier rang dont Rached Ghannouchi et Hamadi Jebali. Tous deux sont dans le collimateur de la justice. Car l’objectif est de galvaniser les pro-Kaïs Saïed ».
De même, l’ancien dirigeant d’Ennahdha souligne « qu’après l’échec de sa campagne contre les magistrats et la résistance de ces derniers face à la vague de révocation »; le pouvoir en place « a activé son plan B. Et ce, dans le cadre de sa stratégie de répression des opposants politiques ». Arguant que « tous les jugements qui seront prononcés seront décidés par Carthage et mis en œuvre par la ministre de la Justice ».
Il faut sauver le soldat Ghannouchi
Et ce n’est pas tout. Puisqu’à son tour, l’ancien député nahdhaoui, Maher Medhioub, a annoncé, hier lundi 11 juillet 2022 sur sa page FB, le dépôt d’une plainte auprès de l’Union interparlementaire. Et ce, pour « sauver la vie de Rached Ghannouchi » ! Sic.
Notons que cette plainte concerne l’affaire dite 121. Laquelle porte sur des accusations contre l’ancien président de l’ARP, Rached Ghannouchi et les députés ayant participé à la plénière du 30 mars 2022. Elle est relative à l’annulation des décisions du président de la République Kaïs Saïed depuis le 25 juillet 2021.
A noter également que les députés ainsi que leur président à l’époque sont poursuivis pour de graves accusations. Et ce, conformément aux dispositions de l’article 72 du Code pénal. Lequel stipule qu’ « Est puni de peine de mort, l’auteur de l’attentat ayant pour but de changer la forme du gouvernement, d’inciter les gens à s’armer les uns contre les autres ou à provoquer le désordre, le meurtre ou le pillage sur le territoire tunisien ».
Disons pour conclure que si Maître Dilou joue son rôle de défenseur attitré de ses amis nahdhaouis; par contre, Ahmed Nejib Chebbi, dont personne ne conteste le passé d’opposant authentique à Ben Ali, sert désormais de bouclier aux islamistes de tous bords. Oubliant au passage que tous ceux qui se sont rapprochés d’Ennahdha se sont piteusement brûlés les ailes. Quant au soi-disant porte-parole d’Ennahdha, il s’est couvert de ridicule en proclamant sur tous les toits que son maître « est en danger de mort ». Pitoyable.