Quelques entreprises tunisiennes manifestent un niveau d’engagement élevé dans l’adoption de l’Industrie 4.0. Mais force est de constater que la majorité reste hésitante. Peu déterminée à jeter ses forces dans la bataille de la modernisation et du déploiement d’outils et de méthodes qui, pourtant, ont une capacité transformative telle qu’elle n’a jamais existé auparavant. C’est ce qui ressort, entre autres, des conclusions du Baromètre 2022 de l’industrie 4.0 en Tunisie: « La transformation industrie 4.0, un potentiel non encore exploité ».
L’absence d’une vision stratégique, le manque de formation, l’importance de l’investissement, le manque de visibilité sur la rentabilité, etc. Tout ceci explique cette hésitation. C’est lors d’un événement organisé par EY aujourd’hui 13 juillet, que les résultats du Baromètre 2022 de l’industrie 4.0 ont été présentés tour à tour par Anas Rochdi, Directeur Innovation à Novation City et Mohamed Driss Ben Jemâa, Manager EY Business Consulting.
L’enquête du baromètre a couvert des dirigeants et hauts cadres d’entreprises de différentes tailles et de divers secteurs. Elle s’est articulée autour de quatre blocs:
- La perception de l’industrie 4.0 et l’orientation stratégique et organisationnelle des entreprises par rapport à l’intégration et la modernisation des outils technologiques.
- L’évaluation de la situation interne des entreprises sur le développement des processus et les bonnes pratiques de transformation vers la voie de l’industrie 4.0.
- Une analyse visant à mesurer des aspects de la maturité technologique.
- Une partie portant sur les axes de développement et les perspectives d’investissement des entreprises tunisiennes dans les technologies modernes.
Le Baromètre Industrie 4.0 2022 a été réalisé durant une période particulièrement difficile où les entreprises tentaient de se remettre de la pandémie de COVID-19. En effet, la pandémie a montré l’importance de gagner en résilience. Et ce, à travers la refonte du business modèle des entreprises; afin d’assurer la durabilité et la pérennité de leurs activités. L’échantillon se basait sur 74 entreprises.
Stratégie et organisation
Désormais, on observe une prise de conscience chez les industriels tunisiens de l’importance de prendre le train de la modernisation et la digitalisation. De même que de développer des nouvelles connaissances sur les technologies et concepts de l’industrie 4.0. En effet, 51% des répondants témoignent qu’ils sont en train de discuter leur stratégie Industrie 4.0, ou ils sont en train de la mettre en œuvre.
Cependant, malgré l’intérêt dans les concepts de digitalisation, la majorité des responsables et des managers a un gap en expertise. Ce qui empêche la transformation de leurs entreprises. Ainsi, seulement 7% des répondants témoignent que leurs managers ont des connaissances approfondies dans les concepts Industrie 4.0. Tandis que 4% assurent le pilotage de quelques projets. Ceci est dû à un manque en formation professionnelle et en qualification des équipes sur les concepts de l’industrie 4.0 au sein des entreprises.
Intégration des processus
Par ailleurs, concernant la maturité technologique et la digitalisation des processus des entreprises, les répondants confirment que 1% en moyenne seulement des processus est autonome et intelligent.
Les activités liées à la comptabilité et à la finance sont les plus digitalisées selon ce baromètre. Cela s’explique par les exigences réglementaires mises en place pour la gestion de ces processus.
En termes d’architecture applicative, les différents outils implémentés sont partiellement intégrés avec les ERP. Ce manque d’intégration et d’interfaçage a un impact négatif sur l’efficacité des solutions de digitalisation.
De même, les résultats montrent un sous-développement de l’infrastructure applicative de la chaîne d’approvisionnement et des solutions de traçabilité. En effet, 51% des entreprises confirment que les données liées aux produits/ matières sont partiellement enregistrées et déclarées sur système. Ce qui engendre un manque de traçabilité et de fiabilité de la data.
Maturité technologique
Les systèmes avancés de stockage des données de type Cloud, Data Warehouse et Data Lake sont très peu utilisés par les industriels tunisiens. En effet, la moitié des répondants à ce baromètre témoignent qu’ils utilisent leurs serveurs locaux pour le stockage des données. Ce constat s’explique principalement par un manque de financement pour investir dans des solutions plus développées. Ainsi que par un manque de confiance par rapport à la confidentialité et la sécurité des données.
En outre, la gestion actuelle des données n’est pas structurée et les échanges entre les départements ne sont pas fluides. Ce qui ne permet pas d’optimiser la prise de décision. En effet, 31% des répondants déclarent que seulement certains départements utilisent les données pour la prise de décision et que la tâche de collecte et de traitement prend du temps.
Alors, face aux défis auxquels sont confrontés les industriels tunisiens pour assurer la transformation Industrie 4.0, les répondants à ce baromètre souhaitent être accompagnés dans leurs projets de transformation. Et ce, principalement dans trois activités : l’intégration et l’implémentation de solutions; l’assistance à l’élaboration d’une stratégie de transformation Industrie 4.0; et le diagnostic pour la mise en place d’une feuille de route de digitalisation.
Perspectives de l’industrie 4.0
Enfin, les deux tiers des répondants à ce baromètre comptent investir dans des solutions de digitalisation industrielle dans le court et le moyen terme. Cependant, le défi de financement reste un obstacle pour une majeure partie d’entre eux afin de mettre en place une transformation Industrie 4.0. En effet, seuls 22% des répondants sont prêts à attribuer un budget supérieur à 300 000 DT.
Par ailleurs, les répondants attribuent une priorité plus élevée à la fonction production en termes de digitalisation. Également, en termes d’outils technologiques, les solutions d’optimisation et de gestion de la production sont les plus souhaitées par les répondants. Avec: 24% pour le MES (Manufacturing Execution System) et l’IOT (Internet Of Things); 19% pour la BI (Business Intelligence); et 13% pour l’EMS (Energy Management System).
Les impacts attendus par les répondants de la transformation Industrie 4.0 sont aussi principalement liés à l’optimisation de l’activité de production. En effet le Top 3 des réponses est: 1- Augmenter l’efficience de production; 2- Réduire la perte en matière et en temps; 3- Optimiser l’utilisation des ressources humaines.
D’après communiqué