Interpellé sur la position de son parti sur le référendum du 25 juillet, Faouzi Charfi, le secrétaire général du parti Al Massar, affirme que généralement dans un régime démocratique le meilleur est de voter le jour du scrutin. Cependant, « nous pensons que le processus actuel ne peut pas garantir la transparence des élections ».
Faouzi Charfi affirme que son parti rejette tout le processus du 25 juillet. Pour lui, ce processus est unilatéral et n’a rien de participatif. Surtout que son parti a tendu la main au président de la République pour le dialogue, mais en vain. « Nous avons déjà dit qu’il faut qu’il y ait un dialogue national sérieux. Surtout que le référendum n’est pas un simple projet », lance-t-il.
Ainsi, l’intervenant rappelle que le président de la République a désigné les membres de l’ISIE. « Nous sommes un parti qui défend la parité. Et nous avons constaté qu’il n’existe aucune femme dans l’instance », fait-il remarquer. Et de souligner que Kaïs Saïed a fait rédiger la constitution d’une façon unilatérale; de même qu’il a changé les gouverneurs et les délégués.
De ce fait, Faouzi Charfi considère que le Dialogue national à Dar Dhiafia n’est qu’une comédie. Il s’exprimait ainsi sur les ondes de Shems FM.
« Nous avons décliné une invitation que nous avons reçu à y participer. Car, c’est un dialogue consultatif dont les aboutissements n’ont pas de pouvoir décisionnel. Le président de la République a son propre programme qu’il œuvre à appliquer, advienne que pourra », étaye-t-il.
Alors, « le peuple tunisien ne peut pas donner sa confiance à cette personne. Puisqu’il est en train d’asseoir un régime dictatorial ». C’est encore ce qu’il déclare. En effet, M. Charfi considère que le projet de constitution sera voté dans tous les cas de figure. « La preuve en est qu’il n’a pas fixé un seuil électoral, qu’il a maîtrisé tout le processus et amendé la loi électorale. Il s’agit d’un référendum sur mesure ». A cela s’ajoute qu’il n’est pas possible de toucher à la Constitution dans une conjoncture exceptionnelle.
La constitution n’est pas le problème fondamental
Sur un autre volet, il rappelle que les Tunisiens se soucient de leur pouvoir d’achat. Mais aussi de la pénurie des produits alimentaires, des médicaments et de la situation environnementale critique, notamment à Sfax. « 11 mois après le 25 juillet 2021, le président de la République n’a pas trouvé de solutions à tous ces problèmes », poursuit-il.
Par ailleurs, il estime que Kaïs Saïed continuera d’ignorer tous les appels au report du référendum. « Cette constitution marginalise les instances constitutionnelles. Elle consacrera le règne de l’individu. Et ce, sans aucune séparation entre les pouvoirs, sans respect des principes de l’Etat civil », ajoute-t-il.
En outre, Faouzi Charfi rappelle que le président de la République participe à la campagne référendaire sans être inscrit auprès de l’ISIE. Ce qui constitue une violation de la loi; sous les yeux de cette instance qui n’agit pas. « Pour cette raison je considère que l’ISIE n’est pas neutre », continue-t-il.
Régression au niveau des droits et libertés
D’ailleurs, le parti Al Massar considère que la première version du projet de constitution marque une grande régression au niveau des droits et libertés. Avec notamment son article 5 qui parle des objectifs de l’Islam. « Or, le mouvement Ennahdha a voulu introduire la même notion dans la constitution de 2014, mais en vain. Les gens oublient que la Constitution de 2014 est celle de tous les Tunisiens et non pas celle du mouvement Ennahdha. Je pense que plusieurs Tunisiens n’iront pas voter le 25 juillet, car ils ne sentent pas concernés par ce débat », conclut-il.