Voici les mots prononcés par Marianne Catzaras quand elle a été interrogée sur son livre « Un livre est sans doute une promesse d’éternité que l’on se fait à soi même en l’écrivant. Une part de vie que l’on ramasse sur les sentiers du temps. »
Selon Marianne Catzaras, « un livre est un objet de plus qui continue à écrire l’histoire de l’ humanité. Il s’agit aussi d’n appel au plus profond de soi, une navigation d’île en île. »
C’est ainsi que Marianne Catzaras née à Djerba de parents grecs se retrouve à noircir des pages presque à son insu, pour participer sans doute au voyage tourmenté des hommes sur la terre. On écrit sans avoir le choix.
Une nécessité de tous les jours..
En outre, elle précise: « Les pages regorgent justement d’inquiétude et de tourments. L’exil des parents, les bateaux échoués en terre étrangère, les langues qui se mélangent dès le jeune âge, les jardins silencieux, et le monde pris d’assaut par la mort de la mère. Alors dès l’enfance l’auteur voyage à la recherche d’un refuge, d’un abri, d’un lieu où les pleurs s’estompent le temps d’une pause. Le temps d’une respiration. »
Une maison. Des maisons entrouvertes pour apprendre à vivre. Le temps d’une escale. Les sujets sont nombreux, le pays en alerte, une révolution tunisienne qui ne sait pas dire son nom, un attentat dans un musée et Ulysse à la tête trouée, les barques de fortune vers Lampedusa, et la mer qui noie ses enfants .
Elle ajoute: « Décidément le livre au nom évocateur. J’ai fermé mes maisons est subtilement politique. Il dit sans dire, il dénonce sans dénoncer, il condamne sans condamner mais il montre du doigt la misère, l’injustice, l’oppression. N’ est-ce pas là la force de la poésie de suggérer, d’alerter en entassant les images ».
Au cœur du voyage le cœur bat sans doute pour un visage que l’on ne peut pas garder. Alors l’écriture s’en charge.
La perte, la disparition alimentent les mots, les abreuvent, donnent du sens à l’écriture. Et puis ce texte magnifique sur l’écriture « j’écris pour ce pays. Derrière l’iris du monde. J’écris pour ces géographies. Qui souffrent dans la nuit. Il y a de l’intensité poétique dans cet ouvrage , et un désir de déchiffrer l’indéchiffrable. L’ univers est là, à Carthage à Epidaure à Delphes à Pompeï, Marianne se déplace dans les pierres et leur demande leur secret.
Faut-il rappeler qu’ elle est aussi photographe et que l’objectif comme la plume tentent de capter l’ innommable, la présence qui perdure. Une histoire de mythologie moderne où Œdipe lui ouvre la porte pour lui raconter l’histoire des ancêtres, l’histoire de ses origines mais aussi l’histoire des temps modernes. Aucun paradoxe, tout se veut complémentaire. Habitée par le doute, par l’inquiétude ; le poète vogue à travers les mers, et donne à voir le jour et la nuit dans une même lumière.
Il suffit de lire ce petit ouvrage « j’ ai fermé mes maisons » aux éditions Bruno Doucey pour se dire que l’ enfance est un pays duquel on ne revient pas pour se dire aussi que les mots portent une plénitude musicale qui nous accompagne quand les maisons se ferment.
« Il y a de la Grèce partout dans le livre mais il y a aussi de la Tunisie. Un déchirement continu entre les langues, les paysages, les voix qui investissent chaque mot.Toutes ces identités permettent -elles un éventuel retour vers une Ithaque ensoleillée ? »dit l’auteur. Le poète ne sait habiter que les seuils.
La si belle lettre en guise de préface de Murielle Szac,romancière et poète donne un visage à celle qui écrit. Emouvante correspondance qui lève le voile sur l’obscurité.
Le livre fait partie de la sélection du prix littéraire des lycéens apprentis et stagiaires de la formation professionnelle d’île de France. Les jeunes des lycées pourront donc en profiter.
Enfin on pourra aussi écouter Marianne dans un festival de cinéma de courts-métrages Universocorto à Tuscania en Italie le 21 juillet avec un hommage à Pasolini lui-même grand poète.
La poésie voyage ..