La stratégie Covid-Zero de la Chine a été efficace en 2020
C’est en Chine que le Covid-19 a été découvert fin 2019, puis qu’a eu lieu la première vague de la pandémie début 2020 (graphique 1). En réponse, la Chine s’est engagée dans des confinements durs, des tests approfondis et la recherche des contacts. Cette stratégie est devenue connue sous le nom de » Covid-Zéro « , car elle vise à réduire à zéro la transmission communautaire du virus. La stratégie Covid-Zéro a été très efficace pour contenir la vague initiale de la pandémie, ramenant le nombre d’infections à un faible niveau, qui a ensuite été maintenu tout au long de 2020 et 2021. Cela a permis à l’économie chinoise de rouvrir et de connaître une croissance plus forte que celle de toute autre grande économie au cours des deux dernières années.
Graphique 1: Nouveaux cas de Covid-19 en Chine
(Moyenne mobile sur 7 jours)
Omicron frappe en 2022, nécessitant des fermetures difficiles
Malheureusement, Covid-19 a évolué vers la variante Omicron, beaucoup plus infectieuse, qui est arrivée en Chine au début de 2022. Omicron a pu également échapper à une partie de la protection offerte par le vaccin chinois, ce qui a entraîné une augmentation des nouveaux cas de Covid-19 à des niveaux jamais vus depuis 2020 (graphique 1).
En raison de la réaction tardive, il a fallu, une fois de plus, mettre en place des mesures de confinement et de distanciation sociale pour étouffer le virus. Des millions de personnes ont ainsi été confinées à Shanghai pendant près de deux mois, ce qui est sans précédent, et des restrictions strictes ont été imposées aux déplacements dans d’autres régions. Les mesures de confinement ont concerné des régions qui génèrent 40 % du PIB de la Chine et expédient 80 % de ses exportations. Ces efforts considérables ont entraîné un ralentissement économique important, mais ont également permis d’atteindre un pic de nouveaux cas en avril 2022, avant de baisser à un faible niveau.
La Chine a opté pour l’approche « du chat et de la souris ».
De nouvelles infections continuent d’apparaître en Chine malgré Covid-Zero, du faite de la forte contagion de l’ Omicron qui peut échapper aux vaccins. Par conséquent, les autorités sont engagées dans un jeu constant du « chat et de la souris », poursuivant le virus par des tests et la recherche de contrats, puis l’éradiquant par l’isolement via des mesures de confinement locales ciblées. La mise en œuvre de cette approche du chat et de la souris implique l’installation de dizaines de milliers de cabines de dépistage dans les villes et le noyau économique de la Chine. Cette approche est particulièrement évidente dans les deux plus grandes villes de Chine, Shanghai et Pékin, ainsi qu’à Shenzhen, le centre technologique de la Chine. L’investissement dans les tests souligne l’engagement de la Chine envers Covid-Zéro, une approche qui a fait de la Chine le seul pays au monde à contenir la variante Omicron, hautement infectieuse.
Des tests massifs, un obstacle économique coûteux
Bien que l’approche du chat et de la souris soit beaucoup moins dommageable pour l’activité économique que les blocages fermes, elle impose un coût persistant et représente un frein important à la croissance du PIB de la Chine. Goldman Sachs estime que le coût actuel des tests est d’environ 30 milliards de dollars. Cela représente moins de 0,2 % de la production chinoise en 2021, mais les analystes de Nomura estiment que ce coût pourrait atteindre 1,8 % du PIB si les petites villes suivent le mouvement et que 70 % de la population est testée toutes les 48 heures. En outre, les analystes de Soochow Securities estiment que les restrictions actuelles pourraient réduire de 1,1 point de pourcentage la croissance intérieure de la Chine pour l’année en cours.
Le soutien politique vise à éviter un impact négatif
Les autorités chinoises sont soumises à une forte pression pour contrôler la pandémie et relancer l’économie avant le congrès du parti au second semestre de l’année. En effet, dans un récent discours, le vice-premier ministre chinois Liu He a rassuré le public en affirmant que le gouvernement ne permettrait pas un « effondrement » de l’économie. Il a annoncé des mesures destinées à soutenir le secteur immobilier en difficulté, mais aussi à aider à la « finalisation » du cycle de resserrement de la réglementation des entreprises, ce qui a provoqué des incertitudes et des pertes sur les marchés boursiers chinois. Toutefois, ces mesures de relance sous forme d’allégements fiscaux, d’augmentation des dépenses publiques et d’assouplissement monétaire n’ont pas encore été particulièrement efficaces pour stimuler la croissance.
Les perspectives de la Chine sont plus faibles que la tendance pré-pandémique
En conclusion, l’approche du chat et de la souris adoptée par la Chine dans le cadre de sa stratégie Covid-zéro a permis de réduire les nouvelles infections à un faible niveau. Toutefois, elle a un coût important et constituera un obstacle persistant à la croissance du PIB. En contrepartie, les mesures de relance politique pourraient apporter un certain soutien à l’économie, mais ces mesures ont jusqu’à présent été moins efficaces que par le passé.
La conjugaison des difficultés rencontrées par Covid-Zero et de l’inefficacité relative des mesures de relance signifie que nous ne prévoyons qu’une faible reprise économique en Chine. Plus précisément, nous pensons que ces deux facteurs conduiront à une croissance du PIB chinois de seulement 4,8 % en 2022 et 5,3 % en 2023, bien en dessous de sa tendance pré-pandémique.
Source : l’Equipe QNB Economics