Feu Zine Al-Abidine Ben Ali, le second Président de la République Tunisienne, ne se retournera pas dans sa tombe le 25 juillet 2022 au soir. Et ce, lorsque les résultats du Référendum donneront la victoire du oui pour la nouvelle constitution de « la nouvelle » République. Bourguiba aussi, n’en déplaise aux pseudos bourguibistes ! La « révolution » qui a détruit l’Etat moderne qu’ils ont fondé avec tous les patriotes sera définitivement enterrée.
Il n’y a, pour s’en convaincre que de lire les éditoriaux et les commentaires de la presse occidentale, notamment française, Le Monde en tête. Le dernier carré de la résistance de ce qui est appelé cyniquement le « printemps arabe » aura cédé. Grâce à un adepte de cette même « révolution » Kaïs Saïed. Pour cela seulement la Nation Tunisienne, qu’il ne reconnait visiblement pas, lui sera reconnaissante et l’Histoire le retiendra comme le fossoyeur de cette deuxième République qui a permis à une bande organisée sous la houlette de l’islam politique de détruire l’œuvre d’une génération de grands patriotes. Peut être malgré lui, ce qui n’est qu’une ruse de l’Histoire, comme il en a tant inventées. Le 25 juillet prochain y contribuera-t-il?
Les orphelins de la « révolution »
Tout d’abord, il faudrait ce jour là présenter nos condoléances aux orphelins de cette révolution. A savoir: les intellectuels des ambassades; les militants des O.N.G à la Soros; les enfants de freedoom-house; des human rights watch, de tous les droits de l’hommistes. Car la poule aux œufs d’or grâce à laquelle ils se sont subitement enrichis a bien été tuée. Ils doivent maintenant se recycler dans la lutte contre « la dictature ». Et certains ont déjà bien commencé comme à la belle époque de la lutte contre « la dictature » de Ben Ali.
Mais les temps seront plus durs cette fois-ci. Car le grand bailleur de fonds de cette nébuleuse de réseaux, aura d’autres priorités, en Ukraine par exemple. Le grand patron « comme le dénommait feu BCE » a d’autres chats à fouetter. Comme par exemple s’incliner devant son altesse princière Mohammed Ibn Selman, prince héritier de l’Arabie Saoudite. Et ce, pour qu’il baisse de quelques dollars le prix du baril; afin que le peuple américain puisse se payer son hamburger quotidien. Le prince aurait dit non! Ou faire la guerre à l’Iran et les princes sont restés dubitatifs. Car ils savent que le « démocrate » n’en aura pas pour longtemps et lui préfèrent Trump. Du côté de la Tunisie, l’ami américain semble de plus en plus, regarder ailleurs, suivi par tous les diplomates occidentaux. Et de toute façon, l’argent dédié à nos ONG locales sera détourné en faveur de leurs sœurs ukrainiennes.
Mais le plus orphelin de tous, c’est bien les adeptes de l’islam politique, Ennahdha et ses satellites.
Puisqu’ils ne seront pas seulement des orphelins, mais aussi des parias. Justement grâce à l’article 5 tant décrié, par les démocrates et les âmes sensibles.
Effectivement, lorsque l’Etat s’arroge constitutionnellement le droit d’être le seul porte-parole de la religion, cela implique qu’il n’y a plus de place pour des partis politiques religieux ou soupçonnés comme tels. Ce qu’avaient exactement fait Bourguiba et Ben Ali, en vertu de l’article un de la constitution.
Cette vielle rengaine de séparer l’Etat de la religion a été pendant de longues années le cheval de bataille d’une partie de la gauche laïque. Ce qui ne l’avait pas empêchée de s’allier aux islamistes et de participer après 2011 à la destruction de l’Etat national; le tout sous couvert d’un démocratisme ridicule.
Ainsi, Kaïs Saïed, même s’il le désire, ne pourra jamais utiliser cet article pour instaurer une théocratie. Car pour cela il aura besoin d’un clergé. Ce qui est inexistant en Tunisie et dans les pays sunnites. Par contre cet article est une aubaine pour combattre les futures survivances de l’islam politique, car il est mourant. Seuls les pseudo-démocrates tentent de le sauver. Car sans lui, ils perdent leur raison d’être et c’est pour cela qu’ils s’acharnent contre cet article.
Kaïs Saïed n’est sûrement pas un libre penseur et est certainement l’adepte d’un islam malékite traditionnel. Contrairement à Rached Ghannouchi, le frère musulman nourri de l’exégèse d’Ibn Taymiyya et de la rhétorique de Abu Ala al mawdoudi.
Et l’on n’a jamais vu une théocratie malékite. Alors qu’il y en a une wahhabite, hanbalite et une autre chiite dans le monde musulman. Alors prétendre que la Tunisie va basculer du jour au lendemain vers une théocratie appliquant strictement la Chariaa, c’est comme prétendre qu’il y a le risque qu’elle bascule vers le communisme parce que la constitution parle d’égalité sociale. Et que KS a déjà promulgué un circulaire pour constituer des microsociétés dites citoyennes; et qui ne verront d’ailleurs jamais le jour.
Il est clair que le feu nourri qui vise KS est dirigé non pas contre son « projet d’un Etat théocratique », qui n’existe que dans l’imaginaire de certains; mais contre KS en tant que pourfendeur de l’ordre établi par la constitution de N. Feltman qui a permis à l’islam politique et particulièrement à Rached Ghannouchi de régner durant dix ans.
Ce n’est qu’une constitution, sans plus
Le débat fait rage surtout sur les réseaux sociaux sur la future Constitution issue du référendum du 25 juillet. Et ceci, malgré la volonté manifeste de KS lui-même qui a tout fait pour empêcher un vrai débat national.
Les ridicules mesures qui ont été prises par l’ISIE et la HAICA moribonde, pour « encadrer » le débat dénotent d’une volonté de circonscrire le débat aux seuls partisans du oui, ce qui est un scandale.
Mais malgré eux et malgré K.S, le débat va continuer même après le 25 juillet. Et il portera probablement sur comment amender ou réformer celle-ci. Mais ce n’est pas le vrai débat qu’il faut au pays! Le seul débat qui vaut la peine est comment reconstruire le pays sans l’intrusion de l’islam politique. On peut être totalement contre une constitution et l’utiliser pour la dépasser exactement comme avait fait KS lui-même. On peut être soi même le fondateur d’une constitution et ne point la respecter comme Bourguiba, quand il y a exigence politique ou même comme Ben Ali pour l’utiliser contre Bourguiba.
D’autre part même le Coran, le texte le plus sacré de toute l’humanité, n’a jamais résisté aux aléas de la politique. Donc cette Constitution, n’est ni la meilleure, ni la pire et ne vaut pas la peine qu’on s’entre-déchire pour elle. Elle n’est qu’une simple constitution; sinon une constitution simple. Laquelle se résume à « tous les pouvoirs au Président de la République ». Mais on a déjà connu cela sous Bourguiba et Ben Ali. Et cela ne nous a pas empêchés de construire un pays dont on était fier! Alors trêve de palabres sur un texte qui ne vaudra que par ce qu’on décidera d’en faire.
Savez-vous pourquoi KS a refusé le texte de Sadok Belaïd?
Non pas évidement parce qu’il avait une autre vision. Mais tout simplement pour sa réplique, lors de son apparition sur La 9, à notre ami Lotfi Laamarii. En effet, celui-ci l’avait titillé en lui disant: « Que ferez-vous si le 30 juin un autre texte que le votre, concocté par KS, était publié au JORT? Ce à quoi Sadok Belaïd répondait naïvement en s’emportant devant les caméras: « Je publierais mon texte et je ferais le tour de la Tunisie! » Ce soir là KS s’est certainement emporté et a dû se décider entre limoger S.B ou publier son texte. Il a fait le second choix. Sauf que le préambule était d’une inouïe médiocrité. A tel point qu’il n’a pas été republié au JORT et donc non inclus dans le vote du 25 juillet et tant mieux.
Et dire que certains ne croient plus au pouvoir des médias! Une simple question d’un grand professionnel a changé la donne. Ces mêmes journalistes, et pas tous, poussèrent KS à remanier profondément son texte. A revoir ainsi sa copie et à en faire une deuxième édition au JORT. Ce qui est la preuve que KS est sensible aux critiques et sait faire marche arrière.
Alors, tant qu’il existera des journalistes libres, talentueux, respectueux des institutions et imbibés des valeurs nationalistes et républicaines, il n’y aura aucun danger de voir s’instaurer ni une dictature ni une théocratie!
Il n’y a jamais eu de révolution comme nous l’avons déclaré dès 2011. Mais bien un coup d’Etat pour amener les islamistes au pouvoir. Le 25 juillet, jour anniversaire de la République, la Tunisie tournera définitivement la page de cette décennie sanglante. Et quel que soit le présidentialisme qui va prévaloir, il ne pourra pas être pire que le règne de l’islam politique qui est définitivement jeté dans la poubelle de l’Histoire. Alors votez oui, votez non, abstenez vous, la roue de l’Histoire continuera de tourner dans le bon sens désormais!