L’instance tunisienne de régulation de l’audiovisuel (HAICA) vient de présenter les résultats de son observation de la couverture de la campagne en vue du référendum du 25 juillet 2022. Et ce, pour la période du 3 au 9 juillet. Elle relève quelques infractions. Un mieux est cependant perceptible de la part des médias audiovisuels.
Est-ce bien concevable qu’un invité d’un plateau radio ou Tv, initié dans le cadre de la couverture du référendum du 25 juillet 2022, traite un adversaire de « franco-sioniste » ou encore de « franc-maçon » ? Des qualificatifs utilisés évidemment pour rabaisser un adversaire et le disqualifier aux yeux de l’opinion ? Est-il encore concevable qu’un chroniqueur –donc membre d’une rédaction- vienne dire qu’il va voter pour le référendum. Ou que, enfin, un politique appelle, dans une émission, à voter par « oui » ou par « non » lors de la consultation du 25 juillet 2022; et ce, sans que le présentateur de l’émission ne dise le moindre mot ? La réponse à toutes ces questions est bien évidement non. Membre de la Haute Autorité Indépendante de la Communication Audiovisuelle (HAICA), Soukaina Abdessamad est catégorique. Ces faits et gestes sont en contradiction avec toutes les lois et procédures mises en place.
D’abord, l’article 30 du décret-loi 116 qui évoque des « infractions graves constituant une violation des dispositions […] pouvant donc occasionner un grave préjudice difficilement réparable ». Et notamment « le pluralisme d’expression des idées et opinions, l’objectivité et la transparence » (Art. 5 du même texte).
L’instance de régulation fait preuve de beaucoup de « pédagogie »
Et ce, en plus, de certaines règles de conduites inscrites dans l’accord commun régissant la couverture médiatique. Accord que signaient, le 1er juillet 2022, l’Instance Supérieure Indépendante des Elections (ISIE) et la HAICA. Avec par exemple l’article 7 qui oblige les médias à s’engager à respecter des règles éthiques et déontologiques.
Pour sa part, Nouri Lajmi, président de la HAICA, insiste sur le fait que la HAICA a fait preuve, pour ainsi dire, de beaucoup de « pédagogie » dans ses relations avec les médias audiovisuels. Il s’exprimait ainsi au cours de la conférence de presse, organisée le 19 juillet 2022 par l’instance tunisienne de régulation audio-visuelle. Laquelle présente les grands traits de l’opération d’observation de la couverture de la campagne en vue du référendum pour la période du 3 au 9 juillet 2022.
Evoquant ainsi le fait que son institution a notamment tenu à sensibiliser les uns et les autres, lorsqu’il y a infraction. Et ce, sur l’importance de respecter une bonne pratique professionnelle. Au lieu de recourir aux sanctions qui ne pourraient du reste qu’intervenir si ces infractions se poursuivent ou deviennent encore plus graves. Soulignant, par la même occasion, avoir constaté de sensibles améliorations dans la couverture du référendum.
La rencontre a permis, par ailleurs, de constater, et à travers l’observation réalisée par la HAICA, que les 17 chaînes de radio et de Tv, objets de l’étude, n’ont pas toujours respecté un équilibre. Et ce, entre notamment le temps de parole consacré aux défenseurs du « oui » et du « non ». Les statistiques présentées à l’occasion montrent, par exemple, que les chaînes de radios privées sont celles qui ont le plus rompu cet équilibre (environ 36% pour les défenseurs du « non »).
Des indications qui ne peuvent cependant exprimer une tendance réelle. Car ne couvrant évidemment qu’une partie bien limitée de la période consacrée à toute la campagne pour le référendum (3-23 juillet 2022). De ce fait, la HAICA promet, à ce niveau, d’éclairer, à la fin de cette campagne, la lanterne de tout un chacun. Et ce, sur les résultats de son observation dans son ensemble.