Les accords signés ces derniers jours entre Alger et Rome représentent un triple avantage. Tout d’abord, l’Algérie confirme ainsi son nouveau statut de premier partenaire commercial de l’Italie pour les régions d’Afrique et du Moyen-Orient. Ensuite, l’Italie se transforme en hub gazier de l’Union européenne. Et enfin, la Tunisie, grâce à l’augmentation du trafic du gazoduc TransMed qui traverse notre territoire, pourrait encaisser jusqu’à 748 MD.
La diplomatie algérienne semble avoir la mémoire tenace. Après avoir tourné le dos à l’Espagne, coupable à ses yeux d’avoir choisi le camp de Rabat; et ce, en ayant implicitement reconnu la marocanité du Sahara occidental. L’Algérie vit actuellement une véritable lune de miel avec l’Italie. Puisque celle-ci est devenue, grâce aux nouveaux accords signés entre les deux pays, un « hub gazier de l’Union européenne ». Une expression empruntée au président du Conseil italien, Mario Draghi. De plus, la Tunisie se retrouve elle aussi concernée.
Une moisson de mémorandums et d’accords
Ainsi, lors de sa visite officielle lundi 18 et mardi 19 juillet à Alger où il a été reçu par le président Abdelmadjid Tebboune, les deux parties ont signé pas moins de 15 mémorandums d’entente et accords. Ils concernent principalement: la justice; les micro entreprises et start-up; la coopération industrielle, énergétique; et le développement durable. Avec notamment un accord-phare permettant d’accroître la fourniture de gaz algérien à Rome.
« L’Algérie est devenue ces derniers mois notre premier fournisseur en gaz. Après avoir été longtemps devancée par la Russie, d’où provenaient 45% de nos importations gazières de la péninsule. L’accord signé sur la coopération énergétique témoigne de notre détermination à faire encore plus dans ce domaine ». Ainsi déclare le président du Conseil italien devant les médias, aux côtés du président algérien.
En vertu de ces accords, quelque 4 milliards de mètres cubes supplémentaires seront exportés vers l’Italie dans les prochains jours. Sachant que depuis le début 2022, l’Algérie a fourni à l’Italie 13,9 milliards de mètres cubes. En dépassant donc de 113% les volumes prévus initialement. D’ailleurs, elle prévoit de lui livrer au total 6 milliards de mètres cubes supplémentaires d’ici à fin 2022, selon l’agence officielle algérienne APS.
Mégaprojet de 4 milliards de dollars
Notons également la signature d’un important accord, d’un montant de 4 milliards de dollars, entre les groupes algérien Sonatrach, italien ENI, américain Occidental Petroleum et français Total. Ce qui permettra de fournir à l’Italie d’importantes quantités supplémentaires de gaz.
D’une durée de vingt-cinq ans, ce mégaprojet va permettre de développer des gisements gaziers et pétroliers. A savoir ceux du bassin de Berkine, dans le Sud-Est algérien qui doivent produire plus d’un milliard de barils.
Selon le géant algérien des hydrocarbures Sonatrach, « cet accord ambitionne de récupérer plus d’un milliard de barils équivalents pétrole d’hydrocarbures. Ce qui augmentera le taux moyen de récupération ultime à 55% ».
« L’objectif étant de développer des ressources supplémentaires d’hydrocarbures liquides. Tout en réduisant l’intensité carbone des champs. Et ce, grâce à un programme ciblé de baisse des émissions ». C’est ce qu’a renchéri le Français Total, dans un communiqué séparé.
Rappelons que Le groupe Eni, présent en Algérie depuis 1981, co-gère avec Sonatrach le gazoduc TransMed. Celui-ci relie le pays à l’Italie via la Tunisie. Il peut transporter jusqu’à 32 milliards de mètres cubes de gaz par an. Et, jusqu’à récemment, l’Algérie y faisait transiter 22 milliards de mètres cubes par an. Ce qui laisse une marge de manœuvre de 10 milliards, selon l’ancien ministre algérien de l’Energie.
Rappelons, pour conclure, que l’Algérie est le premier partenaire commercial de l’Italie pour les régions d’Afrique et du Moyen-Orient. Une position qu’elle occupait déjà ces derniers mois, en raison du contexte géopolitique en Russie. De même, les échanges commerciaux entre les deux pays atteignent en 2021, 8,5 milliards de dollars. Et ils dépassent les 4,3 milliards de dollars sur les cinq premiers mois de 2022.
De plus, pour notre voisin algérien, ces accords représentent une importante manne financière. En effet, « la balance commerciale de l’Algérie en 2022 sera largement excédentaire. Et l’impact positif de la crise de l’euro se fera sentir au niveau des réserves de change, qui s’amélioreront sensiblement ». Ainsi se félicite un ancien haut responsable de la Banque centrale algérienne.
Une aubaine pour la Tunisie
Et comme un bonheur n’arrive jamais tout seul, notre pays touchera une part de cette manne céleste. Ainsi, que le rappelle notre collègue Bassem Ennaïfar dans un article paru hier mercredi sur leconomistemaghrebin.com. Car, en contrepartie des 400 km du pipeline du gazoduc TransMed qui traverse notre territoire, la Tunisie pourrait encaisser cette année, si les quantités passaient à 27 milliards m3, jusqu’à 748 MD. Une aubaine.