Le Président du Conseil des Ministres italien Mario Draghi a présenté aujourd’hui sa démission. Celle-ci ouvre ainsi la voie à de nouvelles élections et à un nouveau chapitre d’incertitude politique en Italie.
Mario Draghi a pris cette décision après avoir échoué à unifier sa fragile coalition gouvernementale. Cependant, le Président de la République lui a demandé de rester en place avec un gouvernement intérimaire. Les élections pourraient avoir lieu en septembre ou en octobre prochain.
Déjà la semaine dernière, le Président Sergio Mattarella avait rejeté la première démission de M. Draghi. Il lui avait demandé aussi de mener davantage de négociations avec les députés; et ce, dans l’espoir d’éviter des élections anticipées.
Toutefois, le Mouvement 5 étoiles, qui faisait partie de la coalition, s’est opposé à un nouveau décret visant à réduire l’inflation et à lutter contre la hausse des coûts de l’énergie.
Les députés italiens ont organisé un vote de confiance sur l’ensemble de mesures et le Mouvement 5 étoiles a boycotté l’opération. En suscitant la colère de Mario Draghi et des autres membres de la coalition.
Les marchés réagissent
Immédiatement, les rendements des obligations italiennes ont augmenté. La dette à dix ans offre déjà un yield de 3,6% contre 1% au mois de janvier. Le principal indice de la bourse, le FTSE MIB, a ouvert en baisse de 2%.
En effet, les investisseurs sont préoccupés par l’Italie pour plusieurs raisons. Tout d’abord, le parlement est fragmenté. Ce qui signifie que les nouvelles élections pourraient donner lieu à des négociations de coalition difficiles et longues.
En même temps, l’Italie qui a l’une des dettes les plus élevées d’Europe, est confrontée à une inflation record. De même que ses perspectives de croissance sont limitées. Ce contexte macroéconomique devient particulièrement difficile; alors que la Banque Centrale Européenne s’apprête à relever ses taux d’intérêt. Ce qui pourrait nuire aux performances économiques du pays. Tous ces facteurs rendent l’Italie un potentiel problème européen à moyen terme.
Perte de stabilité
Pour rappel, le weekend dernier, des centaines de maires ont signé une lettre ouverte demandant à Mario Draghi de rester. Des dirigeants syndicaux et des industriels se sont également réunis pour l’inciter à ne pas démissionner.
En tant que leader technocrate, l’homme avait apporté une stabilité politique à l’Italie au cours des 15 derniers mois. Cela était crucial pour recevoir des fonds de relance de la pandémie s’élevant à près de 200 milliards d’euros.
Son leadership a également été important dans le contexte de l’invasion de l’Ukraine par la Russie. En jouant un rôle dans les sanctions de l’UE et soutenant aussi les ménages italiens confrontés à la hausse des prix à la consommation.