Je vous propose de revenir sur trois expressions très utilisées dans le milieu sportif : « Ce n’est pas très grave »; « Fais-toi plaisir »; et « Prise d’infos ou d’informations ». Lors de mes interventions dans les centres de formation et les structures sportives, j’ai beaucoup observé les comportements ainsi que la communication verbale et non-verbale des sportifs, des entraîneurs et encadrants.
J’ai remarqué que trois expressions revenaient souvent dans la bouche des intervenants et des entraîneurs. Les voici:
1. « Ce n’est pas très grave » ;
2. « Fais-toi plaisir » ;
3. « Prise d’informations ».
Attaquons-nous à la première expression qui est: « Ce n’est pas très grave ». Cette phrase est souvent prononcée et régulièrement répétée par les entraîneurs. Et ce, dans le but d’encourager un sportif à continuer à avancer; après l’échec dans une réalisation technique ou tactique.
L’entraîneur l’utilise donc avec l’objectif de vouloir aider le sportif à dépasser ce moment d’échec. Tout en acceptant sa situation, étant considérée comme passagère.
« Trois expressions très utilisées dans le milieu sportif : « Ce n’est pas très grave », « Fais-toi plaisir » et « Prise d’infos ou d’informations ».
Cette expression, ou injonction, impose au sportif une obligation de juger instantanément sa situation comme n’étant pas très grave. A savoir sans conséquences donc sur la suite et sur l’instant futur. Elle impose également une obligation de passer outre. Et ce, pour essayer à nouveau et pour ne pas s’arrêter/figer sa pensée sur cette difficulté ou interférence interne négative.
Inversement, cette expression ne stimule pas chez le sportif la capacité à réfléchir et à analyser les causes de cet échec (plus justement une non-réussite dans la réalisation). Et elle pourrait même l’empêcher de détecter un manquement ou une insuffisance de sa part dans son engagement et dans sa préparation d’avant réalisation.
Nous pouvons nous poser la question de la pertinence et de la complétude de cette expression. Permettrait-elle de garantir l’efficacité de l’apprentissage du switch et de l’attention soutenue? Cette expression est-elle satisfaisante? Est-elle pertinente? Est-elle suffisante? Permettrait-elle à un sportif de développer efficacement la résilience, l’attention, la concentration et l’autonomie aussi bien dans sa réalisation que dans les processus de corrections qu’il pourrait construire et initier? Cela pour garantir la réussite lors de ses prochaines tentatives de réalisations?
« Ce n’est pas très grave »: cette expression ne stimule pas chez le sportif la capacité à réfléchir
La question posée est celle d’apprendre au sportif à stimuler et à solliciter ses habilités mentales et cognitives. Cela afin de lui permettre d’acquérir les apprentissages nécessaires pour développer sa persévérance, son autonomie, sa motivation intrinsèque et son acceptation de l’échec.
Et si pour le sportif, qui a raté son geste, sa tentative ou sa réalisation, la situation était finalement très grave selon lui? Comment le savoir si nous ne lui donnons pas le temps de la verbalisation et de l’auto-feedback?
Il est utile de faire réfléchir et de laisser exprimer un sportif sur une situation d’échec. Cela afin de lui permettre d’évacuer d’abord des éventuelles frustrations et croyances négatives. Et de pouvoir ensuite construire avec lui un processus de correction efficient. La correction deviendrait ainsi facile à internaliser et l’apprentissage deviendrait plus souple.
La phrase « l’échec est une étape normale dans le processus de réussite » prend tout son sens, non?