Le président de la Commission nationale consultative pour une nouvelle République, Sadok Belaïd ne cesse de crier sur tous les toits les imperfections du projet de la constitution qui sera soumis au référendum ce 25 juillet. Invité dans le cadre d’une conférence débat par le collectif Soummoud, aujourd’hui 22 juillet le constitutionaliste n’a pas manqué de tirer à boulets rouges contre le projet de la constitution publié au JORT. Il s’agit d’une intervention dans le cadre de la campagne référendaire.
Sur un ton alarmiste, Sadok Belaïd affirme que le nouveau projet de la constitution mettra en place « les bases d’un régime dictatorial et pharaonique ». Pire encore ce projet de la constitution donne au président de la République des prérogatives démesurées, continue-t-il. Sadok Belaid ne cesse de rappeler que la version publiée au JORT n’a rien à voir avec celle préparée par la Commission nationale consultative pour une nouvelle République dont il est le président.
Dans la version actuelle, le président de la République détient le pouvoir exécutif et une grande partie du pouvoir législatif. Pour cette raison, l’intervenant ne manque pas de recourir à plusieurs reprises, lors de son intervention à l’expression « régime pharaonique » pour qualifier le régime politique instauré par le projet de la constitution en question.
Sur un autre volet, Sadok Belaïd regrette l’absence d’une vision économique et sociale dans le nouveau projet de la constitution. Il rappelle que le pays connait une crise. « Ce projet s’est focalisé uniquement sur les aspects qui intéressent Kaïs Saïed », lance-t-il. Il affirme que la constitution n’est pas en mesure de résoudre les problèmes socio-économiques. Dans le même sillage, l’intervenant affirme que l’honnêteté n’est pas suffisante car pour gouverner, il faut s’armer du savoir et de la science. Il pointe du doigt » l’absence de spécialistes en économie dans l’entourage du président de la République ».
Le constitutionaliste tunisien affirme que le président de la République s’est rendu à son chevet le 21 juin. Et ce suite à une intervention chirurgicale. « Il m’a remis une copie du projet de la constitution. Depuis ce moment, j’ai compris qu’une catastrophe allait avoir lieu ». Pour expliquer l’étendu du problème, il affirme qu’il existe une grande différence entre le projet de Kaïs Saïed et le sien.
Sans détour, il avance qu’il s’agit d’un texte « médiocre malgré les rectifications ». La première version du projet contenait 46 fautes de langue. Pour cette raison, le président de la Commission nationale consultative pour une nouvelle République considère qu’il est impossible que ce projet soit l’œuvre du président de la République surtout qu’il maitrise la langue arabe.
Il affirme que la nouvelle constitution entrera en vigueur dès la fermeture des portes des bureaux de vote, sans prendre en considération le résultat de vote. Il s’agit d’un geste étrange d’après lui. Par ailleurs, le projet de constitution n’évoque pas la démission du président de la République si la majorité vote contre le projet de la constitution. A la fin de l’intervention, il indique que ce qui ce passe n’a rien à voir d’un référendum.
De son coté, le coordinateur général de la coalition Soumoud Houssem Hammi affirme qu’il ne s’agit pas de la première rencontre-débat autour du régime politique en Tunisie. Il affirme que le collectif votera contre le projet de la nouvelle constitution car il ne répond pas au minimum syndical de droits et libertés et qu’il jette les bases d’une dictature. Le coordinateur du collectif affirme, également, que même en cas d’adoption de la constitution, le collectif œuvrera après le référendum de faire pression pour amender la constitution.