Je vous propose enfin de questionner la troisième expression « Prise d’infos » ou bien « Prise d’informations ».Cette phrase est prononcée par les entraîneurs dans un but d’encourager le jeune sportif à mobiliser ses ressources cognitives. Cela afin de capter l’ensemble des informations qui circulent dans l’espace du jeu et dans l’environnement.
C’est l’activation des différentes formes de l’attention du joueur qui est recherchée dans la communication : l’attention divisée/partagée, l’attention sélective, l’attention dynamique, l’attention soutenue (Stamina, la notion la plus proche de la concentration), la résilience et le switch dans la répétition des efforts.
L’activation de l’attention et de la concentration étant censée aider le joueur à améliorer sa qualité et sa vitesse de prise de décision dans le jeu, dès lors qu’il aurait convenablement capté les informations de l’environnement. Nous constatons que cette injonction pourrait stimuler les capacités cognitives mais ne s’attaquerait pas frontalement aux apprentissages et aux pistes de développement de ces mêmes capacités.
L’entraîneur utilise donc cette expression avec l’objectif de vouloir stimuler chez le sportif la réflexion et la rationalité dans les choix de jeu et dans les décisions prises. L’aider ainsi à contourner les choix et les décisions qui pourraient se baser uniquement sur l’instinct et les émotions volatiles du moment. C’est un autre match qui se joue entre les émotions et la stratégie de la réflexion, entre d’un côté le Néocortex et de l’autre côté les reptilien et limbique.
« L’activation de l’attention et de la concentration étant censée aider le joueur à améliorer sa qualité et sa vitesse de prise de décision dans le jeu »
Les joueurs ne sont pas égaux face à cela. Y’en a qui sont plus souples que d’autres pour traiter plus vite des signaux et informations et pour apporter rapidement des corrections dans des prises de décisions : Neuroplasticité ou Plasticité cérébrale.
Des jeunes sportifs pourraient ainsi rencontrer des difficultés majeures face à ce volume important d’informations. Comment sélectionner et traiter les informations pertinentes? Comment écarter les informations qui seraient uniquement des interférences et du bruit inutiles? Et comment apprendre à construire des décisions efficientes, efficaces, pertinentes et adaptées?
« Des jeunes sportifs pourraient ainsi rencontrer des difficultés majeures face à ce volume important d’informations »
Ces apprentissages imposent un travail spécifique pour permettre aux jeunes sportifs de développer les capacités cognitives nécessaires. Un entraînement dédié pour garantir un niveau cognitif adapté et des aptitudes disponibles à mobiliser, quand les situations de jeu l’exigent.
Nous pouvons donc nous poser la question de la pertinence et de la complétude de cette expression pour garantir une prise de décision souple, évolutive, créative, judicieuse et orientée vers la réalisation d’un objectif (individuel et collectif), sous la responsabilité du sportif.
Par conséquent, l’expression « Prise d’informations » ne pourrait en aucun cas préjuger de la qualité et de la vitesse de prise de décision chez le sportif. Le travail préconisé serait d’aider d’abord le sportif à développer ses capacités cognitives et les différentes formes de l’attention, dont la concentration et le switch. Cela agirait ensuite sur la confiance, sur la capacité à continuer à apprendre et à ajuster/corriger les décisions prises d’une manière autonome et autodéterminée.
Il est toujours utile d’aider le jeune sportif à construire son propre modèle de performance, parce qu’il est justement unique.
Puisque les mots ont un sens ! Ce que nous proposons, via la préparation mentale et l’entraînement cognitif, est aussi d’aider les entraîneurs à adapter leur communication verbale, entre autres. Puisque l’objectif recherché est celui de faire évoluer holistiquement le jeune sportif, un « esprit sain dans un corps sain »
A méditer
Préparation mentale et cognitive dans le sport : revisite de la communication verbale des entraîneurs et encadrants (2ème partie)
Préparation mentale et cognitive dans le sport : revisite de la communication verbale des entraîneurs et encadrants (1ère partie)