Un euro à parité avec le dollar, enregistré le mercredi 13 juillet 2022, à un niveau qui n’a jamais été atteint depuis 2002. Plusieurs facteurs expliquent l’effondrement de la monnaie unique.
Le choc de l’invasion de l’Ukraine par la Russie
Les investisseurs ont déserté les placements en euro pour trouver refuge dans les placements en dollar. Même le franc suisse, valeur refuge historique, n’a pas pu profiter à cause de sa présence dans le champ de la bataille (en Europe).
La flambée des prix des commodities (hydrocarbures, céréales, métaux…),
cotés sur le marché international en dollar, a boosté la demande du billet vert pour le règlement des achats de ces produits, sanctionnant ainsi la monnaie unique.
L’enlisement de la guerre
Le risque de déclenchement d’une crise énergétique et la montée des menaces d’éclatement de la zone euro renforcent la défiance à l’égard de l’euro et justifient la ruée vers les placements en dollar.
La récession est de retour
Tous les indicateurs de la conjoncture (ZEW, Sentix, Enquête des directeurs d’achats…) le montrent. L’Allemagne, locomotive historique de l’économie européenne, enregistre un déficit commercial mensuel pour la première fois depuis 1991.
Le différentiel de taux d’intérêt avec les Etats-Unis est de plus en plus favorable au dollar
L’entrée rapide de la FED dans un cycle de resserrement monétaire pour contrer les pressions inflationnistes, alors que la BCE est restée hésitante jusqu’au mois de juin 2022, a creusé l’écart entre le taux directeur américain (1,64 %) et européen (maintenu à zéro depuis 2016), renforçant l’attractivité des placements en dollar, jugés plus rémunérateurs. D’où la hausse du cours de la monnaie américaine.
L’effondrement de l’euro serait-il un signe avant-coureur de l’éclatement de la zone euro ? Une situation très embarrassante pour la BCE qui se retrouve face à un dilemme : Augmenter les taux d’intérêt pour freiner la chute de l’euro et courir le risque de précipiter la récession et l’insoutenabilité de la dette d’un grand pays comme l’Italie, ou maintenir le statu quo monétaire et laisser filer l’inflation et le trend baissier de l’euro.
Une situation qui ne pourrait qu’alimenter les opérations spéculatives de type Carry trade (emprunter en euro à un taux faible pour placer en dollar à un taux élevé) et booster davantage la hausse du dollar tout en pénalisant l’euro.
Article paru dans le mag de l’Economiste Maghrébin n 849 du 20 juillet au 3 août 2022