Voici un évènement tout à fait attendu et prévisible et qui pourtant fait couler beaucoup d’encre depuis peu.
L’Organisation des Nations unies a annoncé, à l’occasion de la journée mondiale de la population, que celle-ci va dépasser la barre des 8 milliards d’individus, le 15 novembre 2022 précisément. Un évènement qui ne semble pas ravir tout le monde, tant la question liée à l’augmentation de la démographie mondiale souligne des défis auxquels il est difficile de répondre à l’heure actuelle.
Le chiffre annoncé ferait croire à une croissance plus importante qu’il ne le faudrait. Pourtant, le World Population Prospects 2022 indique tout le contraire.
La population mondiale croît à son rythme le plus lent depuis 1950. Depuis 2020, cette croissance est passée sous la barre de 1%, dans un contexte général de baisse de la fécondité. A l’heure d’aujourd’hui, deux tiers de la population mondiale vivent dans un pays ou une zone où la fécondité au cours de la vie est inférieure à 2,1 naissances par femme, soit à peu près le niveau requis pour une croissance zéro à long terme pour une population à faible mortalité. Certaines zones verront leur population décliner. En effet, la population de 61 pays ou zones devrait diminuer de 1% ou plus entre 2022 et 2050, en raison de la persistance de faibles taux de fécondité et, dans certains cas, de taux d’émigration élevés. La question la plus soulevée reste celle de l’impact de l’augmentation de la population sur la capacité à répondre à ses besoins croissants, mais aussi des retombées environnementales de cette augmentation. L’idée la plus souvent relayée est que la surpopulation serait à l’origine de la crise climatique actuelle et son aggravation. Si, en toute logique, les besoins d’une population augmentent avec sa croissance, l’impact sur l’environnement est plus important là où la consommation est plus marquée. La différence entre les pays du Nord et les pays du Sud est nettement marquée, comme le montre une étude publiée par Oxfam en 2015, qui indique qu’« une personne parmi les 10% les plus riches en Inde n’émet en moyenne qu’un quart du CO2 émis par une personne de la moitié la plus pauvre de la population des États-Unis ».
De plus, il est estimé qu’un Américain parmi la moitié la plus pauvre de la population de son pays génère en moyenne vingt fois plus d’émissions que son pendant indien. Le rapport montre par ailleurs que le total des émissions générées par la moitié la plus pauvre de la population chinoise (soit près de 600 millions de personnes) ne représente qu’un tiers des émissions des 10% les plus riches de la population américaine (quelque 30 millions de personnes). A la lumière de ces faits, Tim Gore, responsable des politiques climat à Oxfam France, estime que « les individus riches et les grands émetteurs de CO2 doivent enfin être tenus pour responsables de leurs émissions. Les pays en développement doivent faire leur part, mais c’est aux pays riches qu’il appartient de montrer la voie et d’assumer les conséquences désastreuses de leurs modes de développement et de consommation ».
Nombreux sont ceux de ces pays riches à s’alarmer de l’augmentation de la population, craignant l’épuisement des ressources et un impact sur l’environnement négatif. Pourtant, c’est bien leur mode de vie et leur mode de consommation qui engendrent réellement tous ces dégâts.