La majorité des citoyens voteront pour le projet de la nouvelle constitution soumis au référendum. C’est ce que déclare le maître-assistant en sociologie Foued Ghorbali, dans une déclaration à l’Economiste Maghrébin, aujourd’hui 25 juillet.
Pour défendre sa thèse Foued Ghorbali estime que depuis 2011, le comportement des électeurs tunisiens dans toutes les échéances électorales s’inscrit dans une démarche de réaction. Par exemple, en 2011, les Tunisiens ont voté, lors des élections de l’Assemblée nationale constituante pour mouvement Ennahdha. Car, ils pensaient que ce mouvement incarne le puritanisme, la religion et l’honnêteté et l’incarnation des valeurs islamiques, estime-t-il. Ce vote était motivé par la volonté de punir l’ancien régime, d’après notre interlocuteur. Ce choix a été renforcé par la mobilisation partisane dans les lieux de culte.
En 2014, « une grande majorité de la classe moyenne a compris que les choix socio-économiques du gouvernement de la Troïka a porté atteinte au pouvoir d’achat et à leurs intérêts pour cette raison, cette classe a misé sur l’émergent parti politique Nidaa Tounes pour punir Mouvement Ennahdha à travers le « vote utile ». En 2019, la classe moyenne a puni, Nidaa Tounes à cause de son alliance avec mouvement Ennahdha, ce qui a été considéré comme trahison pour les électeurs ». Pour notre sociologue, à chaque fois où la classe moyenne subit une déception, elle puni le parti politique qu’elle juge responsable. « Dans toutes les échéances électorales, les électeurs n’ont jamais voté sur la base des programmes socio-économique des partis politiques », lance-t-il.
Ce fait trouve son origine dans le fait que la notion d’électeur au vrai sens du terme ne s’est pas concrétisée comme il se doit en Tunisie. Foued Ghorbali estime que l’électeur doit voter après avoir lu les programme socio-économique et les visions politique des partis politiques, ce qui n’est pas le cas pour l’électeur tunisien « car la culture politique et la culture de la démocratie ne sont pas enraciné dans l’esprit de l’électeur tunisien ».
Le vote sur le projet de la nouvelle constitution s’inscrira dans la même démarché réactive. Car « les électeurs vont punir les responsables de la décennie noire ».
Il soutient que le champ politique est devenu disloqué depuis 2011 ce qui se traduit par l’absence de toute confiance dans la classe politique chez notamment les jeunes ». Se référant à une récente étude menée par des sociologues tunisiens, il affirme que 75% des jeunes n’ont aucune confiance à la classe politique (échantillon de 1400 jeunes). Ce phénomène crée une faille politique et sociale. A cela s’ajoute qu’il n’existe aucun alternatif économique. C’est le populisme de Kaïs Saïed qui a comblé cette faille ».
« La majorité des électeurs sont ceux qui ont subi les répercussions négatives des politiques socio-économiques de la dernière décennie. Une bonne partie du mouvement salafiste votera pour le projet de la nouvelle constitution. En effet, ce projet de la construction par la base se croise avec la stratégie du mouvement Ennahdha en matière de mobilisation politique par le bas à travers les quartiers, les petites communautés. Il existe plusieurs convergences entre les deux projets, entre le projet de Kaïs Saïed et les ambitions de l’islam politique », conclut-il.