L’annonce des résultats du référendum sur la nouvelle Constitution a suscité plusieurs réactions à l’échelle nationale et internationale. Aujourd’hui, la question diplomatique est d’actualité. Elyes Kasri, ancien ambassadeur et analyste politique livre une analyse complète sur la situation diplomatique.
Elyes Kasri souligne pour sa part via un post sur sa page officielle: « Certains patriotes chatouilleux pourraient crier à l’ingérence étrangère. Toutefois, la manière avec laquelle la Tunisie avait obtenu, depuis 2011, un soutien économique appréciable de la part de ses partenaires étrangers, qu’elle a dilapidé avec la plus grande inconscience, et la conjoncture internationale qui met à mal les économies les plus solides et les mieux gérées, nécessitent une plus grande réceptivité de notre part aussi bien à l’intérieur qu’à l’international. »
Elyes Kasri: « engager un processus de concertation sérieuse «
Il estime qu’ « au lieu de se laisser griser par le taux soviétique des oui au référendum, une attention particulière devrait être accordée au taux très élevé d’abstentionnistes qui dépasse les deux tiers, pour engager un processus de concertation sérieuse et sincère avec les diverses composantes de la scène politique, de la société civile et des partenaires sociaux. »
Avant d’ajouter: « Il faudra tout faire pour que le référendum ne s’avère pas une victoire à la Pyrrhus. Roi d’Epire (297-272 av. J.-C.) qui rêvait d’étendre son royaume vers l’Occident et vers l’Orient pour reconstituer l’Empire d’Alexandre et reconstruire l’unité du monde grec, Pyrrhus s’était exclamé, à la suite d’une victoire arrachée au prix de pertes considérables « Encore une victoire comme celle-là et nous sommes perdus”.
Car il estime que la raison et l’ouverture franche et sincère sont devenues urgentes et vitales pour la Tunisie.
Et de conclure: « La différence entre un idéologue et un diplomate est que l’idéologue voit le monde tel qu’il devrait être à ses yeux et rejette la réalité comme une aberration sinon une injustice. Tandis que le diplomate procède à une analyse aussi fine que possible de la réalité et de ses tendances pour éviter toute situation qui pourrait s’avérer intenable et tirer le maximum de bénéfices pour son pays de n’importe quelle conjoncture.
Quand la diplomatie se laisse entraîner dans le registre du devoir être et de l’idéologie, elle rate sa vocation essentielle et toute efficacité. Un proverbe chinois dit :”Qui est à cheval sur un tigre, n’en descend pas aisément”. «