Le président de l’Association tunisienne de gouvernance Moez Joudi a affirmé avoir déjà tiré la sonnette d’alarme concernant les contraintes et engagements extérieurs de la Tunisie.
Il regrette que les réserves en devises aient enregistré une baisse alarmante. Moez Joudi pointe du doigt une situation paradoxale. D’une part, l’Etat doit augmenter les réserves en devises et, d’autre part, il les utilise pour rembourser ses dettes; à cela s’ajoute le financement des importations qui se fait, également, en devises. Intervenant sur les ondes de Shems FM, aujourd’hui 3 août, M. Joudi affirme qu’il faut bel et bien maîtriser cette équation.
Dans le même contexte, il rappelle que le tourisme, l’investissement et les transferts des Tunisiens résidents à l’étranger alimentent les réserves en devises. A cela s’ajoute l’endettement extérieur contracté, également, en devises. Moez Joudi affirme que la Tunisie n’a pas encore signé d’accord avec le Fonds monétaire international (FMI). «En attendant la signature de l’accord, aucun pays n’envisage d’octroyer des crédits à la Tunisie, étant donné qu’il s’agit actuellement d’un pays à haut risque », lance-t-il.
M. Joudi indique, également, qu’aucun bailleur de fonds n’octroiera un prêt à la Tunisie tant qu’elle n’a pas signé l’accord avec le FMI. Pis encore, la Tunisie est dans l’incapacité, vu sa situation, de sortir sur les marchés internationaux pour lever des fonds, car elle fera face à un taux d’intérêt excessif de 15%, voire plus.
Vivre grâce à l’endettement
Moez Joudi regrette l’absence de création de richesse et le phénomène d’endettement local qui a atteint des proportions alarmantes. C’est d’ailleurs pour cette raison que le président de l’Association tunisienne de gouvernance appelle les autorités de tutelle à accélérer la mise en place des réformes.
« Si l’Etat continue à être opérationnel, c’est grâce à l’endettement. D’ailleurs, depuis fin 2010, la Tunisie a contracté près de 56 milliards. Le pays vit grâce à la Banque moniale et au FMI. Ce qui porte atteinte à la souveraineté nationale et accable les générations futures par les dettes », regrette-t-il.
Tout en reconnaissant que l’Etat ne s’est pas effondré et que les fonctionnaires bénéficient encore de leurs salaires, « mais à quel prix ? C’est grâce à l’endettement extérieur et local. Aujourd’hui, les banques n’acceptent plus d’acheter des bons du Trésor assimilables pour que l’Etat assure le versement des salaires ».
Zoom sur la situation énergétique
Il pointe du doigt également la hausse de l’inflation qui dégrade et porte un coup dur au pouvoir d’achat des citoyens « à un moment où l’Etat est incapable de revoir à la hausse les salaires ». L’augmentation des prix des hydrocarbures alimentera les augmentations des prix des autres produits et services.
« Le Tunisien fera face à un grand problème lors de la rentrée scolaire à cause de l’augmentation des prix des fournitures scolaires », étaie-t-il. Dans le même sillage, Moez Joudi affirme que la situation du dinar tunisien demeure critique. Il indique que la baisse de la valeur du dinar tunisien alimente l’inflation importée et impacte la hausse des prix sur la marché local.
Commentant la dernière déclaration de la ministre de l’Industrie concernant la nécessité d’effectuer un nouveau ajustement périodique des prix des carburants, dans la prochaine période, il affirme que l’Etat doit être transparent et dire la vérité au cas où il envisage de lever la subvention sur les prix des carburants. Une levée de subvention qui s’inscrit dans le cadre des réformes imposées par le FMI. D’après M. Joudi, cette fois, le FMI demande l’application des réformes bien avant de signer l’accord et le déblocage du crédit.